Le premier commandement: l’ECOUTE

Homélie du 31e dimanche du temps ordinaire

UN SYNODE ROMAIN SUR LA SYNODALITE

Textes de la messe du 31e dimanche dans l’année B:

https://www.aelf.org/2021-10-31/romain/messe

Entendre ne veut pas dire écouter car l’ouïe est un sens et l’écoute est un art.

« Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique » (Deutéronome VI, 4).

Cette belle prière du Shema Israël, que tout juif fervent récite chaque jour, porte le premier commandement : Écoute.

Écouter Dieu qui parle ; Dieu qui se donne à nous. Le Dieu des chrétiens n’est pas une force divine inconnue : c’est quelqu’un qui m’aime. Alors, en retour je peux l’aimer et aimer le prochain.

Et pour préciser ce qu’est aimer, Jésus recentre sur l’écoute. « Écoute, tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même. » Une même écoute tient un seul commandement à deux faces.

Face humaine et face divine. Deux faces indissociables d’un même amour qui n’a qu’un seul visage.

Depuis que la Parole de Dieu a pris chair en Jésus, le visage nous fait voir et entendre la parole de Dieu et des hommes.

C’est pour cela qu’écouter est épuisant, car l’écoute épuise l’égoïsme pour nous laisser toucher par la parole.

Oui, écouter nous vide. Nous vide de nous-mêmes pour faire place à l’autre. Et quand l’autre a trouvé sa place, cela devient réellement pour moi une joie : écouter c’est aimer. Aimer, dans les visages, la parole qui rend Dieu proche.

Mais cette joie fait peur. Alors nous faisons semblant d’écouter ! Ou pire, nous croyons écouter. On n’attend même pas toujours la réponse. Tu vas bien ? J’ai un cancer. Allez bonne journée… On n’écoute même pas la réponse à force de formalisme.

En plus, nous écoutons les mots, avec attention et exactitude quand tout va bien mais trop souvent nous supprimons le visage de celui qui parle. Le visage nous dit tellement. Cette crise des masques que nous traversons nous en a fait prendre conscience cruellement.

Il existe une écoute mensongère qui déshumanise parce qu’elle ne retient que des mots sans chair, sans les larmes, les sourires ou les silences des visages. Et nous savons tous le faire, même au nom de la charité ou du devoir.

C’est le visage parlant qu’il faut écouter, le visage habité et illuminé par la parole, même si, tout petit, bébé, il ne sait pas encore articuler des mots ou si âgé, malade, agonisant il ne peut plus le faire. 

Écouter n’est pas qu’une affaire de technique mais un mouvement du coeur, une ouverture.

Un des problèmes de la communication c’est que souvent on n’écoute pas pour comprendre mais on écoute pour savoir quoi répondre.

Car la Parole est un glaive qui coupe pour ouvrir, faire vivre. Elle appelle à aimer. Les cris des malheureux nous le rappellent, parfois plus durement que le Livre sue le malheur des autres, toujours. Le livre est toujours calme et silencieux. L’écoute du cri est plus houleuse.

Depuis que le Verbe s’est incarné, la Parole de Dieu se découvre à visage humain.

Aussi, prier comme aimer, c’est faire silence pour sortir du malentendu et écouter en même temps Dieu et les hommes, la Bible et le journal pour reprendre une ancienne expression.

« Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu qu’il ne voit pas » dit saint Jean (1 Jean IV, 20).

Écouter transfigure le regard et fait voir l’invisible.

Dans la rencontre d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards, pauvres, blessés par la vie ou rejeté :  Dieu nous dit sa présence. Et tous nos morts que nous allons bientôt commémorer c’est la même chose : nous ne les voyons plus près de nous, mais nous écoutons leur mystérieuse présence en nous. Pour aimer Dieu, les autres et soi-même, écoutons la parole qui se donne à voir en tout visage.

Avec le synode qui vient de s’ouvrir. Nous sommes invités à devenir une Eglise de l’Ecoute et de la proximité. Savons-nous encore écouter le monde et même savons-nous encore écouter Dieu. Nous lui parlons mais est-ce qu’on le laissons nous répondre ? Il nous répond de tant de manières… Il nous dit chaque fois qu’il nous aime.

Alors, n’ayons pas peur d’aimer. Écoutons ! Ne choisissons pas quel est le premier commandement : aimer Dieu ou aimer les frères. La synthèse entre les deux se fait en tendant l’oreille. En se laissant toucher au cœur. En devinant l’âme qui se cache derrière le visage et les mots. AMEN.

Le synode qui a débuté invite tous les diocèses à se mettre à l’écoute.

Voici des questions auxquelles vous pouvez librement répondre en envoyant un mail à

synoderomain@gmail.com

Voici les questions:

1. Rappelez-vous une expérience vécue (réussie ou non) où l’Église s’est montrée à la hauteur (ou pas) de ce qu’on attend d’elle : annoncer Dieu, se soucier des plus faibles…

2. Remémorez votre ressenti par rapport à ces expériences (joies, difficultés, blessures, ouvertures…).

3. Quelles leçons tirer de cette expérience. Qu’est-ce qui fonctionne bien et qui est à encourager ? Qu’est-ce qui est à améliorer ou à changer ? 

L’Eglise catholique est à votre écoute. Aidez-nous à relever le défi de l’écoute…