Le coeur de notre foi

Ne parle du Christ que si on te le demande, mais vis de telle manière qu’on te le demande.

Paul CLAUDEL

Cette phrase a le mérite de nous inviter à la cohérence entre notre vie et notre témoignage. Mais elle a aussi un grand inconvénient : elle semble nous dispenser de l’effort de l’annonce. 

Il faudrait attendre que les gens nous questionnent pour parler de notre foi. Mais vous avez beau vivre le plus chrétiennement possible et faire de beaux sourires à tout le monde, personne ne vous arrêtera en pleine rue en vous disant : « Oh, vous êtes tellement rayonnant, dites-moi, d’où ça vient ? » Et puis il faudrait réécrire la fin de l’Évangile de Matthieu, au chapitre 28 : « Allez, et de toutes les nations faites des disciples… mais attendez qu’on vous pose des questions ! »

Non, face à notre société qui baigne dans l’indifférence et l’individualisme, nous devons retrouver l’audace de partager notre foi. La proposer sans jamais l’imposer, mais la proposer quand même. Nous en serons les premiers bénéficiaires car, comme le disait saint Jean Paul II : la foi « se fortifie quand on la donne ! »  A Rio, le pape François avait conclu les JMJ en disant : « Vous expérimenterez que celui qui évangélise est évangélisé, celui qui transmet la joie de la foi, reçoit la joie. »

Hommes d’Israël, écoutez les paroles que voici. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, homme que Dieu a accrédité auprès de vous en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes. Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. (Actes des Apôtres chapitre 2, 22-24)

Ce texte s’intègre dans un discours que Pierre adresse aux Juifs de Jérusalem, juste après le don de l’Esprit-Saint sur les Apôtres le jour de la Pentecôte. Il y a d’autres formules de ce type dans le Nouveau Testament (Actes 4, 10-12 ou Actes 5, 30-31 ou encore la première Lettre de Saint Paul aux Corinthiens 15, 1-8). Toutes sont bâties sur le même schéma:

  • Jésus a vécu parmi nous. Il a été jugé et mis à mort sur une croix.
  • Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Il a été vu par des témoins. 
  • Il est dans la gloire auprès du Père ; il est le Seigneur.

Ce condensé de la foi s’appelle le KERYGME (ce mot vaut quelques points au Scrabble).

Concrètement, Celui qui a été mis à mort par les hommes, Dieu le Père l’a ressuscité. Grâce au don de l’Esprit-Saint, les Apôtres ont l’audace d’annoncer cet inouï de Dieu. Dieu n’a pas permis que le mal, la violence et la mort aient le dernier mot sur son Fils bien aimé. Ce que Dieu a fait pour Jésus, il le veut pour chaque être humain.

Il est à souhaiter que le kérygme soit toujours au centre de nos rencontres comme il fut au centre de la prédication des premières communautés chrétiennes. Ayons la même fougue pour annoncer à ceux que nous croisons ce qui fait le coeur de notre foi. Nous devrions nous entraîner à nous approprier avec nos propres mots ce qui nous fait vivre, croire, célébrer et espérer. Et notre mission en tant que chrétien est de l’annoncer, envers et contre tout. Dans le respect de l’autre, soyons assurés que Dieu veut que nous soyons ses témoins dans ce monde qu’il aime et avec les mots d’aujourd’hui.

Les occasions ne manquent pas pour parler de Dieu…

Je vous invite aussi à découvrir le Nouveau Directoire pour la catéchèse qui insiste sur l’importance du kérygme en cliquant sur le lien:

https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/vivre-sa-foi-a-tous-les-ages/transmettre-la-foi/catechisme/directoire-catechese-edition-2020/