Homélie de la nuit de Noël

Lectures de la messe de la nuit:

https://www.aelf.org/2021-12-25/romain/messe

Un enfant nous est né. Un fils nous a été donné. Sur son épaule est le signe du pouvoir. Son nom est Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père à jamais, Prince de la Paix.

Rien de pire que la routine

Essayons d’imaginer que nous découvrons cette histoire pour la première fois. C’est une histoire invraisemblable. On nous dirait: DIEU (tout puissant qui est avant toute éternité) est né. Il est couché dans une mangeoire. C’est un bébé, un nouveau né. Qui peut croire une chose pareille? Qui peut croire une telle révélation. Qui aurait pu inventer une religion pareille? C’est tellement contradictoire avec les images que l’on se fait de Dieu que personne ne peut imaginer cela. Et voilà un bébé couché dans une mangeoire.

Une histoire dingue

Le plus fou c’est que le regard de ce nouveau-né c’est le regard de mon Dieu. Jésus est vraiment Dieu à toutes les étapes de sa vie. Même quand il tète le sein de sa mère et quand il fait dans ses couches. C’est fou non? Dieu tout puissant, Dieu bébé me regarde avec le même regard du nourrisson qui contemple sa mère. Il a le même regard pour sa mère et pour moi. Sans aucune retenue, sans aucune défense, tellement fragile, tellement vulnérable. Cette histoire de Noël est folle mais elle est follement joyeuse. On comprend que les Juifs n’aient pas pu reconnaître l’Enfant-Dieu, Dieu dans cet enfant. Comment faire? Ce sont les bergers qui l’ont reconnu. Ce sont les mages qui se sont prosternés, ces païens totalement étrangers à l’histoire du Salut. On l’attendait depuis des siècles ce Messie et le voilà qui vient, presque sans prévenir. Alors que tout le monde l’attendait (où va-t-il venir? comment va-t-il apparaître? qui sera ce Messie envoyé par Dieu et promis depuis des siècles?), il naît incognito dans une étable car il n’y avait pas de place pour lui dans la salle commune. Invraisemblable histoire de l’Evangile. Quelle bonne Nouvelle: notre Dieu est un Dieu tout petit.

Un Dieu plus proche que proche

On pourrait se dire: c’est quoi cette religion qui se prosterne devant une crèche et devant un bébé, une maman qui est encore une jeune fille et un père qui n’est pas son père mais qui est quand même son père? Est-ce une religion raisonnable? Parce que vous vous croyez raisonnables vous à inventer des dieux qui ressemblent à des pharaons assis sur un trône. C’est précisément ce que Satan voulait nous faire croire: que Dieu était inaccessible et au-delà de tout. Oui c’est vrai qu’il est au-delà de tout mais sa puissance n’est pas celle que l’on pensait ou qu’on a voulu nous faire croire. Sa puissance ne fait pas peur. Sa puissance, c’est la puissance désarmante d’un nouveau-né. C’est une religion des pauvres, et des petits. Dans ce monde, dans notre monde tel qu’il est, le monde de cette révolte permanente, le monde en crise depuis le péché (ce n’est pas nouveau, peut-être que cela s’intensifie ces temps-ci, peut-être je ne sais pas), Dieu ne pouvait pas y faire irruption sur son nuage en mettant tout le monde à plat ventre. Car l’homme serait écrabouillé. L’homme serait méprisé. L’homme ne serait plus digne d’être homme. On rejetterait Dieu avec une violence encore plus grande que celle qu’on lui réserve.

Il est grand le mystère de la foi

Dieu nouveau-né… comment avoir peur de ce Dieu-là? Comment être impressionné par un Dieu pareil? Oui, nous sommes impressionnés justement par sa vulnérabilité, par cette histoire en pleine nuit. D’un côté, l’empereur qui se prend pour Dieu (qui veut gouverner le monde et qui fait un recensement pour posséder la terre) et de l’autre, Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé, il a pris chair dans le sein de la Vierge Marie et le voilà en voyage sur les routes entre la Galilée et la Judée et parce qu’il n’y avait pas de place pour lui, on le couche dans une étable: quel mystère… C’est presque tellement extraordinaire que cela en devient réellement crédible. C’est crédible parce que il nous rejoint et nous parle à notre coeur. Il vient nous consoler. Il nous dit: toi non plus tu n’es pas puissant, tu as peur de ce qui t’arrive, tu es en difficulté dans ce monde et même peut-être es-tu en difficulté avec ta famille et même avec toi-même, n’aie pas peur. N’aie pas peur.

L’Eucharistie, autre preuve d’un Dieu vulnérable

Je suis un tout-petit, je me livre à toi comme quand il se livre à nous dans cette forme invraisemblable de l’Eucharistie et nous le mangerons pour qu’il soit en nous. Parce que au fond, s’il est né il y a deux mille ans à Bethléem, c’est parce que il veut naître au dedans de nous. Il veut être, au-dedans de nous, cette force, cette puissance de vie nous qui sommes des moribonds sur cette terre. Nous sommes si souvent des morts-vivants. Il veut naître en nous pour nous sauver.

Pris de court, comme chaque année

Comment pourrait-on ne pas se réjouir de cette Bonne Nouvelle de Noël? Comme ne pourrait-on pas chanter avec les enfants cette joie de Noël? Peut-être allez-vous me dire : moi je ne suis pas prêt… C’est vrai que Noël nous saute à la figure chaque année parce que nous sommes à fond de train dans la vie qui va trop vite. On n’a pas vraiment eu le temps de se préparer à Noël. On a couru comme des fous. On a été happé par la tentation de la surconsommation due à la saison. Alors, les bergers viennent à notre secours. Eux non plus n’étaient pas prêts. Ils ont été pris au dépourvu en pleine nuit. Les anges vont les chercher en les avertissant qu’une grande joie est annoncée pour tout le peuple. Les bergers arrivent à la crèche.Ils sont crottés et ils sentent mauvais. Ils ne sont pas beaux. Ils sont tout lourdauds avec leurs sabots. Ils se prosternent devant la crèche tout étonnés de ce qui leur a été révélé et ils partiront tout à l’heure en chantant les merveilles d’un Dieu qui s’est annoncé pour les pauvres et les petits.

Il n’est jamais trop tard

N’attendons pas d’être prêts pour l’accueillir. N’attendons pas d’être saints car c’est lui qui vient nous donner cette sainteté. Laissons-le faire. Laissons nous gagner par cette joie de Noël parce que le monde l’attend. Ne nous leurrons pas. Il n’y a pas une personne sur dix dans le monde qui est le nôtre qui connaît cette histoire et qui la croit. Comment voulez-vous le croire? Comment le croiront-ils si nous-mêmes nous n’adhérons pas à ce mystère ou si nous ne sommes pas comblés de ce mystère. Si nous ne sommes pas envahis par la joie de Noël comment le monde pourra-t-il savoir qu’il est sauvé? Le monde risquera de tourner le dos à Dieu encore et encore et ce ne sera pas la faute du monde. Ce sera notre faute car nous ne l’aurons pas annoncé. Parce que nous n’avons pas été nous prosterner devant lui. Parce que nous n’aurons pas accueilli celui qui se donnait.

Mais il y a urgence… urgence de la mission

Le Fils de l’Homme trouvera-t-il la foi sur la terre quand il reviendra? Cette question est terrible. D’année en année, l’Eglise nous supplie de nous ouvrir à ce mystère de Noël pour l’accueillir comme si c’était la première fois. Nous devons tous nous faire petits enfants à contempler la crèche et le regard ce nouveau-né. En cela, le silence contemplatif de Marie nous aide à entrer dans ce silence. La discrétion et l’humilité de Joseph qui se laisse instruire par son fils et par son épouse. L’humilité des bergers qui se laissent gagner par ce silence tandis que les anges dans le ciel chantent : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre pour tous les hommes qui sont tellement aimés de lui. Joyeux Noël…

2 commentaires

  1. Cocriamont AM Permalink

    La célébration de Noël se termine à Seneffe…Elle fut belle, Bryan…J aime que tu parles ainsi des bergers, lourdauds avec leurs sabots…Nous le sommes tous…Et la belle humilité de Joseph ? Tant de chemins à suivre. Mais c’ est Lui qui vient ce soir…Merci pour cette homélie !

  2. Pierre Fils Permalink

    Merci Bryan pour cette très belle homélie! Belle période de Noël!

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