Homélie du 3e dimanche du temps ordinaire (année C)

Pour découvrir les lectures de ce dimanche:

https://www.aelf.org/2022-01-23/romain/messe

« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre »…

Voici sans doute la plus courte de toutes les homélies ! Un modèle de concision ! Et quelle efficacité !

Résonne particulièrement dans nos cœurs ce beau mot « d’Aujourd’hui »

Frères et sœurs, « cette Parole que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » Je me demande si ce n’est pas de cette façon que nous pourrions terminer toutes les lectures et proclamations de l’Évangile… car l’Évangile n’est vraiment « Bonne Nouvelle » que s’il est actuel. 

Aujourd’hui, ce beau mot « d’aujourd’hui », l’habitons-nous ? Demeurons-nous dans notre aujourd’hui qui est le moment de Dieu ?

Avouons-le : notre aujourd’hui est souvent pris dans le courant de nos activités, de nos projets, de nos souvenirs parfois ! Nous n’y prêtons pas toujours attention !

N’y-a-t-il pas un risque de fuir l’aujourd’hui ?

Malgré la crise sanitaire que nous traversons, la jeunesse est une période formidable où tout semble possible ; elle est l’âge où l’on se doit d’espérer ! En accompagnant les jeunes, qui pensent bien sûr à leur avenir (et d’ailleurs, bon nombre me confient régulièrement qu’ils ne savent pas ce qu’ils feront plus tard !), je m’aperçois que beaucoup, finalement, n’habitent pas leur présent ? Je ne sais pas si c’est l’âge qui fait ça mais si on « avait adapté » mes meilleures années comme on le fait subir aux jeunes actuellement, je crois que je serais dans la rue à manifester. Enlevez-leur le wifi, ils arracheront jusqu’aux derniers pavés de Tournai, mais si vous touchez à leur liberté de vivre à fond leur jeunesse, pas de souci. Le chloroforme médiatique fonctionne à plein régime dans notre société.

Quand on vieillit, il peut nous arriver de nous réfugier dans les souvenirs, voire la nostalgie ! Comme si ce qui s’était passé, était à jamais perdu ! Et le présent nous semble terne et sans promesses…

Chrétiens, si nous lisons encore des Ecritures anciennes (comme le Livre d’Isaïe qui avait 700 ans quand Jésus l’a lu à Nazareth !) serait-ce pour faire de l’archéologie littéraire chaque dimanche ? Est-ce une tentative désespérée de rendre moderne une Parole qui serait éteinte ?

Jésus lui-même contredit cette opinion en affirmant : « cette Parole aujourd’hui s’accomplit ! »

Dans l’Evangile selon saint Luc, à 4 moments clés, on entend le mot d’aujourd’hui : « aujourd’hui vous est né un sauveur » disent les anges aux bergers de Bethléem ; « aujourd’hui cette Parole s’accomplit » dit Jésus à Nazareth en inaugurant sa mission ; « aujourd’hui, le salut est entré dans cette maison » à Zachée qui vient de se convertir ; et enfin, « aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » : cette phrase bien connue du divin Crucifié au Larron repenti !

A chaque fois, « aujourd’hui » signale que le salut, c’est maintenant ! Le salut est présent !

A chacun d’entre nous, cet évangile est adressé et nous pouvons nous reconnaître dans ce Théophile –littéralement, cet ami de Dieu- à qui saint Luc écrit ! Oui, aujourd’hui, nous sommes touchés par la puissance de la Parole de Dieu ! Aujourd’hui, Dieu agit pour nous ! Aujourd’hui, maintenant : nous sommes aimés ! C’est vrai ! C’est présent !

Alors, allons à revers des discours nostalgiques : « hier c’était mieux ! » Ou des rêves utopiques : « demain, je serai un saint ! … »

Et pourquoi pas dès aujourd’hui ?

Répondons aujourd’hui à l’amour du Seigneur ! Il est là ! Il est en moi ! Il se rend proche par sa Parole, par l’Eucharistie, ici et maintenant ! Dans mon recueillement, dans mes rencontres, dans mon silence aussi !

Rappelons-nous cette belle méditation de cette religieuse martyre tuée à Alger :

Vis le jour d’aujourd’hui, Dieu te le donne, il est à toi. Vis-le en Lui. Le jour de demain est à Dieu. Il ne t’appartient pas. Ne porte pas sur demain le souci d’aujourd’hui. Demain est à Dieu, remets-le Lui. Le moment présent est une frêle passerelle. Si tu le charges des regrets d’hier, de l’inquiétude de demain, la passerelle cède et tu perds pied. Le passé? Dieu le pardonne. L’avenir? Dieu le donne. Vis le jour d’aujourd’hui en communion avec Lui. Et s’il y a lieu de t’inquiéter pour un être aimé, regarde-le dans la lumière du Christ ressuscité.

Bienheurese Odette PREVOST

Nous n’avons qu’aujourd’hui pour aimer. Hier est passé. Demain n’arrivera peut-être pas. Aimons maintenant.