Deuxième dimanche du temps ordinaire (C)

Les noces de Cana

Pour découvrir les lectures du dimanche:

https://www.aelf.org/2022-01-16/romain/messe

Jésus commence son ministère en transformant l’eau en vin, il l’achève en transformant le vin en sang…
L’Église est autour de la Table, à Cana comme elle le sera au soir du jeudi saint. Chacun de nous est donc là…
Qui es-tu?
Un des serviteurs qui ne comprend pas vraiment mais qui fait confiance à la parole du maître?
Un disciple qui commence à entrevoir l’identité du Christ?
L’intendant trop occupé à servir qu’il ne voit pas le miracle?
Un invité qui s’abreuve sans savoir à qui il doit ce vin qui rend le cœur joyeux?
Marie, attentive aux besoins des autres et qui intercède pour eux?
Peut-être es-tu celui qui renouvelle le miracle aujourd’hui à l’autel, puisses-tu alors mesurer la grâce qui t’est faite et être aussi généreux que le Christ qui rajoute quelques 600 litres de vin à la fête !

Aidons-nous de l’art pour entrer dans ce premier signe du Seigneur à Cana.

Après un passage à Rome, Véronèse s’installe à Venise en 1552 et assoit sa célébrité. Admirable décorateur, il excelle dans la réalisation de toiles immenses, domaine dans lequel il peut laisser libre court à son génie : composition rigoureuse, couleurs vives, presque acides, intensité lumineuse, souci du détail, ornements somptueux, architectures théâtrales… Véronèse exalte tout ce qu’il conçoit par une virtuosité innée.

Un de ses grands chefs-d’œuvre vénitien, Les noces de Cana, est conservé au Louvre depuis 1797.

Cette toile mesure quasiment 7 x 10 mètres.

La toile surprend par son choix iconographique. Un banquet fastueux placé au dessus de la tête des moines du réfectoire de l’abbaye qui avait commandité l’oeuvre. On les imagine en train de manger un repas plutôt frugal. Idée étonnante. L’épisode des noces de Cana évoque le premier miracle accompli par le Christ. Alors qu’il est invité à un repas de mariage dans la ville de Cana, le vin vient à manquer à la fin du banquet. Il ordonne alors aux serviteurs de remplir d’eau les grandes jarres de pierre puis de servir le maître de maison. Soudain, ce dernier constate que l’eau s’est changée en vin.

Cet épisode sacré est transposé habilement, avec une grande liberté iconographique, dans le cadre d’une fastueuse noce vénitienne. Dans cette scène de mariage, le Christ est, étonnamment, placé au centre, entouré de la Vierge et les disciples, reléguant — comme si ce n’était qu’anecdotique — les mariés en bout de table. Cette composition, renforcée par la position de la table, n’est pas sans rappeler l’épisode de la Cène et la fameuse fresque de Léonard de Vinci conservée à Milan. D’ailleurs, la figure prédominante du Christ est renforcée, à la fois par les rayons lumineux qui émanent de sa tête mais surtout par son regard fixe. Il est l’unique personnage à regarder en direction du spectateur.

Tandis que le Christ et ses disciples sont vêtus de simples tuniques à l’antique, les autres personnages, clercs, princes, aristocrates vénitiens, serviteurs, sont parés et coiffés somptueusement. Le mobilier, les coupes et vases de cristal: tout rappelle les fêtes vénitiennes. Mais à y regarder de plus près, Véronèse y a inséré de subtils détails faisant référence à la future Passion du Christ. C’est une double lecture à laquelle nous invite l’artiste : dans la partie supérieure, espace céleste symbolisé par le ciel, un serviteur coupe la viande, symbole du corps du Christ prochainement sacrifié. La partie basse, espace terrestre où s’agglutinent les invités, est réservée au Hommes.

Disposant avec aisance les 130 personnages qui composent la scène, Véronèse arrive à combiner, avec une étonnante audace, les noces de Cana — préfiguration de l’Eucharistie — et le faste des grandes fêtes vénitiennes comme on en rencontrait souvent à son époque. Dans cette œuvre subtile, Véronèse orchestre ainsi une ingénieuse mise en scène et réussit à mêler deux époques éloignées de plus de 1500 ans.

« Les Noces de Cana… Épisode « sympa » de ton Évangile. Ils n’ont plus de vin et hop ! Marie Te susurre quelques mots, le tour est joué, l’eau devient vin. Comme c’est Ton premier Miracle, on en attend d’autres, et beaucoup de nos contemporains voudraient que Tu interviennes comme cela dans leur vie. Mais non, Tu n’es pas un magicien. Tu es pourtant Celui qui nous sort des mauvaises passes. Les gens de la noce éprouvent un manque, comme nous en éprouvons dans notre vie cahotante, parfois joyeux, parfois tristes, mais jamais pleinement heureux. Si nous nous tournons vers Toi, les choses changent, Marie nous invite à la confiance, Elle T’invite aussi à la Miséricorde pour que Tu viennes remplir nos vies. Alors OUI, Seigneur, fais de l’eau fade de nos vies un vin nouveau, viens visiter nos manques pour goûter à ta Plénitude, donne-nous la confiance de Marie, pour que nous puissions croire que ton Alliance avec nous est la meilleure qui soit. Bref, donne-nous Ta Joie, la joie des Noces ! Amen. » 

Yves Garbez



Il en est allé de même lors de la multiplication des pains : il a fallu au départ fournir à Jésus des pains, et il disposait grâce aux disciples d’un précieux service d’aide à l’installation de la foule et à la distribution des pains. C’est une parabole sur l’Eglise et les sacrements : la grâce de Dieu appelle la participation de l’homme. Gardons-nous d’une vision trop verticale des miracles, et gardons-nous de toute passivité de notre part.

Si cette première question, de savoir comment ils ont fait pour remplir ces énormes jarres, ne vous parle pas, la deuxième devrait vous être plus familière : c’était à qui de s’occuper du vin ? C’est qui le responsable de ce fiasco ? C’était qui celui qui n’avait pas prévu le vin en quantité suffisante alors que ces fêtes étaient ouvertes, où venaient tous les habitants du coin, tous ceux qui faisaient partie de la famille au sens large, du village et des environs ?


Ce qui me désole chez tant de couples en crise est la façon dont ils se focalisent chacun sur les erreurs de l’autre, les tares de la belle-famille, quand ce n’est pas sur la responsabilité de Dieu à qui ils me chargent de dire leur sentiment de les avoir abandonnés.

Et si nous cherchions une solution ? Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Une autre réflexion que je voudrais vous livrer sur ces Noces divinement rattrapées. La question que je me pose quand je rencontre certains fiancés, mais c’est tout aussi vrai de projets de vie qui me sont exposés, est jusqu’à quel point, jusqu’où faut-il laisser des personnes se méprendre dans leurs choix, aller dans le mur, se lancer dans des aventures qui feront leur malheur et celui de leur entourage ?

Seigneur, es-tu allé là-bas à Cana, à ces Noces parce que tu savais qu’on aurait besoin de toi ?

Seigneur, si ta Mère n’avait pas fait appel à toi, qu’est-ce qui se serait passé ?

Pour l’heure, retenons de ce signe que Jésus accomplit à Cana de Galilée les critères qu’il donne de la Providence divine : quand une aide se propose, quand personne ne se borne à râler ou à accuser, quand on est capable, comme Marie en a donné l’exemple, de dire à Dieu : viens à mon aide, Seigneur, à notre secours.

Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Comme Marie a dit : ce que Jésus nous dira.