Tout le monde aime Noël

Un Noël 2020 inoubliable pour une année unique

Jamais, autant que cette année, les gens n’auront eu le souci de fêter Noël. Je ne sais si c’est dû au fait que tout le monde attend la venue du Messie ou bien si cela cache quelque chose d’autre. Mais que fêterons-nous finalement, avec ou sans invités à la maison; avec ou sans messe de minuit ou de messe tout court?

Gageons quand même que le Conseil d’Etat puisse nous redonner des perspectives qui ont fait cruellement défaut. Il devient urgent qu’un exercice collectif de tous les cultes puisse être envisagé. Bien sûr, ils devront être organisés dans un cadre proportionné aux risques liés à la propagation du virus. La liberté de culte a certainement été bafouée pour éviter un engorgement de nos hôpitaux. Les catholiques, comme les autres croyants ont saisi les enjeux et ont accepté les mesures. Mais les statistiques, même si elles sont toujours préoccupantes, s’engagent sur une pente résolument descendante. Il n’empêche, avec ou sans messe à Noel, faut-il tomber dans le piège de faire « comme avant » pour autant?

Le mystère de Noël

Noël est le moment dans l’année où le mystère prend tout son sens. Un peu partout dans le monde, les villes, même celles qui sont à peine imprégnées du christianisme, voire pas du tout, soulignent l’événement. Mais il faut bien l’avouer, au fil du temps, le sens de la fête s’est perdu. Certains chrétiens, pris eux-mêmes dans le tourbillon de la frénésie des préparatifs, en sont venus à se lasser de cette fête qui marque quand même la naissance de leur Seigneur.

Une fête désappropriée

La fête de Noël fait vraiment partie du patrimoine universel. Aucune fête chrétienne ne connaît une telle popularité. Pâques n’a pas la même renommée: un enfant dans un berceau c’est tout de même plus fascinant qu’un homme cloué sur une croix qui ressuscite trois jours après! C’est pourquoi, le mois de décembre marque une convergence de traditions et de représentations qui ne semblent pas toujours faire bon ménage avec la distanciation sociale que l’on nous impose en cette période de confinement.

Une NOstaLgiE de Noël

Pour certains, Noël évoque surtout les souvenirs féeriques, réels ou sublimés, des Noëls de l’enfance. Ces souvenirs évoquent souvent la nostalgie d’une fête dont on n’arrive plus à retrouver le sens. Les gens de cette catégorie vivent souvent ce temps dans une certaine mélancolie. Cette nostalgie est d’autant plus forte lorsque la famille connaît un destin chahuté.

Le Noël des chrétiens

Il y a, bien sûr, le Noël des chrétiens, fête de la Nativité, qui n’a de pertinence que pour celles et ceux qui croient en l’Enfant-Dieu. Même dans cette catégorie il y en a qui ont perdu le sens de la fête. Ils jugent sévèrement la superficialité de la frénésie qui entoure Noël. Ils ont le sentiment de s’être fait voler leur fête!

Le Noël de tous

Il y a enfin le Noël pour tous, le Noël neutre qui remporte la faveur populaire et qui conjugue sans difficulté la dinde de Noël, la course effrénée aux cadeaux et, à l’occasion, lorsque le temps le permet, une messe de minuit. En 2019, selon les statistiques de la pratique dominicale en Belgique, 551134 personnes ont assisté à une messe de Noël. Sur 11,46 millions de Belges, c’est pas mal (voir L’Eglise catholique en Belgique 2020, page 100 :

https://www.kerknet.be/sites/default/files/L%27Église%20catholique%20en%20Belgique%202020.pdf

Un espoir: Retrouver du sens dans le non-sens actuel

Force est de constater que, malgré les privations actuelles du « secteur marchand non essentiel », ce Noël 2020 sera peut-être porteur de sens et rejoindra l’être humain dans ses aspirations les plus profondes par certaines de ses facettes. On aura peut-être moins d’argent à dépenser à cause de la situation professionnelle ou plus d’argent à donner grâce aux économies faites sur le dos des coiffeurs et restaurateurs.

Un Noël marqué, qu’on le veuille ou non par la crèche de Bethléem

Même le Noël commercial est marqué profondément par le christianisme. Il ne faudrait pas le renier trop facilement et l’envoyer coucher dans l’étable entre le boeuf et l’âne gris. Ce Noël sécularisé, celui que nous connaissons tous, est souvent un moment privilégié pour les réconciliations, l’accueil de l’autre (dans le respect de notre bulle sociale) et le don de soi. Quoi qu’il en soit, le Noël marketing est souvent un Noël de générosité toute simple, sans prétention, par lequel les gens cherchent à se donner un temps de bonheur. Et ce bonheur, notre société, bien qu’elle se veuille laïcisée, elle le trouve près de la crèche dans le regard désarmé d’un enfant.

La joie du don à Noël

Le Noël des marchands est une fête qui éveille le goût de donner chez les gens, surtout de se donner. Cela explique peut-être pourquoi Noël est l’un des temps de l’année où les bénévoles se manifestent le plus auprès des associations de toutes sortes. Même s’il peut y avoir des dérives de surenchère mercantile, n’est-ce pas là une preuve que le Noël des marchands est une fête qui est toute proche de ses racines évangéliques. Lorsqu’il est bien vécu, il peut devenir un prolongement tout naturel de la préparation spirituelle que nous pouvons faire en communion avec nos communautés chrétiennes.

Une proposition pour 2020

Et pourquoi ne pas faire de ce Noël 2020 un vrai Noël de marchands, un Noël de marchands de bonheur. En passant dans nos rues, on peut déjà s’intéresser à ceux qui y vivent et leur adresser plus qu’un sourire gêné. Certes, on ne pourra pas accueillir dans nos maisons de manière traditionnelle mais, au lieu de passer du temps en cuisine, pourquoi ne pas donner un coup de fil à ceux que l’ont sait seuls. Et si on profitait du temps qui nous est donné pour plus de silence et plus de partage? Car n’est-ce pas là une conséquence inévitable du sens de cette fête? Ceux et celles qui se mettent à la suite de Jésus-Christ se doivent d’être habités de sa générosité à Lui. Noël c’est la fête de la générosité surabondante de Dieu. C’est Dieu qui se donne à nous! C’est Dieu-avec-nous et pour le monde : l’Emmanuel! Bons préparatifs…