Seigneur donne-nous la sagesse!

Homélie dimanche 12 novembre (32e dimanche dans l’année A)

Pourquoi ces jeunes filles sages et sensées ne donnent elles pas de leur huile aux autres ? Elles attendent l’amour puisqu’elles attendent l’Epoux et elles ont ce geste égoïste ! Etonnant ! Pire : l’Epoux va se servir de leur geste pour refuser d’accueillir leurs compagnes à leur retour. Est ce une nouvelle victoire de l’individualisme, du chacun pour soi ?

J’espère que non. Je sais que non. Regardons cette parabole : elle est située par Saint Matthieu à la fin de son Evangile, un peu avant l’arrestation de Jésus. Or la situation des apôtres au moment de Gethsémani est très voisine du scénario de cette parabole : ils dorment alors qu’ils devraient être éveillés (comme les jeunes filles) et ils ne sont pas prêts à accueillir l’Epoux parce qu’ils vont fuir au moment crucial. Ces jeunes filles pour moitié insensées et pour moitié avisées sont la figure de l’Eglise qui attend le Bien Aimé comme les Apôtres sont figures de l’Eglise Epouse. Toutes s’endorment, comme les apôtres seront absents et feront défaut quand on va arrêter le Seigneur.

Que c’est long d’attendre ! 

C’est l’un des sens de cette terrible répartie, à la fin de la parabole : «Allez vous chercher vous-mêmes de l’huile chez les marchands» : il y a des réalités qu’on ne peut pas se transmettre les uns aux autres. Il y a des dons qu’un homme ne peut pas faire à une autre personne parce que c’est Dieu lui même qui le fait. Il en est ainsi de la foi et du don de l’Esprit.

Un homme peut donner son témoignage, mais Dieu seul donne la foi. Un homme peut donner du courage, mais Dieu seul peut donner l’Esprit Saint. Ces dons existent et sont à la disposition de tous. La foi ne se capitalise pas, l’Esprit Saint ne se provisionne pas. Ces jeunes filles sensées ne sont pas propriétaires de ce qu’elles ont reçu. Elles ne peuvent que nommer l’endroit qui les a nourri, approvisionné. Et cet endroit, c’est l’Eglise. Donc déculpabilisez… vous les parents qui regrettent ne pas voir leurs enfants adhérer à la foi. Continuez à leur donner votre témoignage et priez pour que Dieu leur accorde la foi.

Cette semaine j’ai rencontré des couples qui me confiaient rencontrer des difficultés à avoir un enfant. Une amie me disait combien il était difficile de trouver un compagnon dans sa vie de célibataire subie. C’est un peu le sujet de la parabole de ce dimanche : quand il faut attendre longtemps, quand la joie tarde à venir, sans qu’on sache pourquoi, au risque d’être tentés de désespérer, ne soyez pas abattus comme les autres qui n’ont pas d’espérance, dit saint Paul dans la 2ème lecture (1 Th 4, 13),
Quand on a la joie d’accueillir un enfant, il faut encore relever le défi connu de beaucoup de parents : ne pas se disputer sur l’éducation des enfants.
C’est statistiquement le premier motif de dispute dans un couple. Il y a, paraît-il, quatre motifs principaux de tension : les tâches ménagères, les parents, l’argent et l’éducation des enfants. Pour les femmes, l’éducation des enfants vient en premier ; pour les hommes, ce sont les relations aux parents, les tâches ménagères, l’éducation des enfants ex aequo avec l’argent.
 
J’ai posé la question à un certain nombre de parents que je connais : quelle est pour vous la chose la plus importante à apprendre à vos enfants ? A gagner de l’argent ? Un ami m’a répondu : ‘à se passer de nous !’, rejoignant ceux qui m’ont dit l’autonomie, l’indépendance, la liberté, à développer leurs talents (ce sera l’évangile de dimanche prochain). D’autres ont insisté sur le respect – de soi et des autres ; la confiance – en soi et en l’avenir.
Très peu m’ont répondu l’amour de Dieu, qui est pourtant le grand commandement et le second lui est semblable : l’amour du prochain.

 
Et vous, que diriez-vous ?
 Il y a tellement de réponses possibles ! Il y a tant de choses à apprendre et à enseigner !
 
Sans compter l’exemple à donner. Nous entendions dimanche dernier Jésus nous mettre en garde contre ceux qui ‘disent et ne font pas’. C’est la question que l’on peut se poser à propos de cette parabole : quelle était, pour ces jeunes filles, la responsabilité de leurs parents ?
  
Quelle est la chose la plus importante à apprendre aux enfants ? On pourrait rêver que quelqu’un nous dise spontanément : la sagesse !


Je comprends que les nouvelles générations en veulent à celles qui les ont précédées de leur laisser la planète dans cet état, aussi bien sur le plan environnemental que géopolitique. Mais que dire de la façon dont elles les ont formées à la connaissance de Dieu ?


Le propre de l’éducation est d’apprendre aux enfants, au fur et à mesure qu’ils grandissent, et que des responsabilités plus grandes leur sont confiées, qu’ils auront des comptes à rendre, et que, parmi les erreurs à éviter, il y a celles qui ne peuvent pas être rattrapées. Sous peine de trouver un jour la porte fermée : Seigneur, ouvre-nous ! – Je ne vous connais pas.
Alors oui, redisons pour nous et ceux que nous aimons : Seigneur, apprends-nous la sagesse.


 

La différence entre un homme intelligent et un homme sage? Le premier résout les problèmes que le second aura su éviter.