« Rendez-nous la messe » : un faux combat

La pandémie qui s’est abattue sur le monde nous permet de jeter un regard lucide sur nos pratiques pastorales.

D’abord, on s’est rendu compte que beaucoup communiquent sans avoir grand chose à dire. D’un autre côté, ceux qui ont un message à adresser aux autres se taisent ou communiquent mal. De manière générale, cela rejoint un constat fait depuis longtemps: parle-t-on si souvent de l’Evangile dans nos églises, dans nos communautés? On parle morale, on parle droit, on parle sacristie mais quand parle-t-on vraiment de Jésus et de son Evangile? Or, nous savons que l’un et l’autre (qui ne font qu’un) sont vraiment salvateurs.

Au risque de paraître naïf, je crois que les États ont autre chose en tête actuellement que de bafouer la liberté de culte, la liberté de tous les cultes. «  C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices ». (Matthieu 9,13): rien ne nous empêche actuellement d’exercer la miséricorde en ces temps si particuliers.

Je rejoins les propos de Mgr Grech (un Maltais, de Gozo) repris dans la Civiltà Cattolica qui regrette que « nous avons déployé plus d’énergie pour défendre la messe que pour vivre une authentique vie chrétienne. Il dit en substance que notre activité pastorale a cherché à conduire aux sacrements (à la messe en particulier) et non à conduire -par les sacrements- à la vie chrétienne. »

Bien sûr, la messe est source, centre et sommet de la vie chrétienne. Mais cette privation de communion nous permet de retrouver le goût de la prière familiale. Bravo aux contributeurs qui proposent de belles suggestions en lien avec la Parole de Dieu et la vie concrète. On expérimente une autre manière d’être en communion les uns avec les autres. Et cela nous rend proches de ceux qui se privent naturellement de communion pour diverses raisons. « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir… » On connaît la suite: « dis seulement UNE parole et je serai guéri ».

« Dis seulement une parole ». C’est bien cette parole de service qui nous guérira vraiment ! Pour le moment, et plus que jamais, le Corps du Christ, c’est l’autre, c’est mon frère. Comme pour la communion eucharistique, le Seigneur attend notre réponse: notre AMEN.

Il n’y a aucun reproche dans ces propos, juste une mise en garde pour ne pas nous tromper de combat durant cette deuxième vague. Ne mélangeons pas la fin et les moyens. Cessons de nous déchirer sur l’impossibilité d’accéder aux sacrements. Cessons de privilégier nos droits en mettant systématiquement nos devoirs au second plan. La pandémie nous donne l’occasion de redécouvrir la place du service du frère malade ou pauvre dans la mission qui nous est confiée par le Seigneur.

Essayons de trouver du sens à ce que nous vivons actuellement. Il n’est pas trop tard.

Je rejoins aussi les propos de Mgr Grech (un Maltais, de Gozo en plus) qui souligne que notre activité de pasteurs a consisté à conduire aux sacrements (le droit à la messe en particulier) plutôt qu’à mener une vie chrétienne authentique.

Un commentaire

  1. Lebrun Suzanne Permalink

    Cher Bryan ,comme votre homélie me touche ! Elle me conforte dans ce que je perçois à travers ces temps troublés . J’ai 85 ans, hyper- confinée,j’ai réappris à écouter « le silence de Dieu  » . et j’y découvre une abondance de grâces .Je suis bien guidée en cela par un livret mensuel auquel ma fille Pascale m’abonne chaque année pour ma fête des mères :MAGNIFICAT(Dipromédia)……..un trésor! Bien sur, l’Eucharistie me manque….mais en revanche, je me sens habitée par la Miséricorde ! Merci Bryan,pour ce partage.

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