Les textes de la liturgie du 13e dimanche dans l’année:
https://www.aelf.org/2021-07-04/romain/messe
Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité
La mort est entrée dans le monde par la jalousie du diable. Dieu n’a pas fait la mort. La mort est entrée dans le monde contre DIeu. L’Evangile du 13e dimanche en est une belle illustration. Il y a deux miracles imbriqués l’un dans l’autre. Ce qui fait le fil du récit c’est la résurrection de la fille de Jaïre, âgée de douze ans. Son père croit que Jésus peut encore quelque chose car au moment où il interpelle le Seigneur, elle n’est pas encore morte.
Jésus est maître de la vie et de la mort
Quand on vient lui annoncer que sa fille est morte, Jésus vient demander un pas de plus dans la foi. Cette enfant n’est pas morte, elle dort: crois seulement. Cet homme fait ce pas dans la foi; il fait confiance tandis que les autres se moquent… Il fait se lever la jeune fille. Jésus commande à la mer comme il commande à la mort (c’est la même attitude de Jésus au moment de la résurrection de Lazare). Même s’il ne l’a pas créée, Jésus a pouvoir sur la mort. Cet éveil de la jeune fille est signe de ce pouvoir qu’exerce Jésus sur la mort.
De Jésus, la vie sort pour donner la vie
La guérison de la femme qui perd du sang est très significative du comment Jésus sauve. Cette femme est malade depuis douze ans. Elle perd son sang et cela la fait beaucoup souffrir. Les soins reçus de différents médecins n’ont fait qu’empirer les choses. La mort est pour elle inéluctable. C’est à dire que l’oeuvre de mort est en elle. La mort fait son oeuvre en elle peu à peu, année après année. C’est comme si la vie sortait d’elle mais sortait d’elle en pure perte. La vie la quitte peu à peu. Le sang dans l’Ecriture est toujours symbole de vie. Mais cette femme a la foi. Elle a confiance. Même si je touche, ne serait-ce que son manteau, je serai sauvée. Alors le miracle se produit. Elle touche le manteau de Jésus et aussitôt l’hémorragie cesse. Elle ressent, aussitôt, que cette mort cesse son oeuvre en elle et que la vie cesse de la quitter.
Dépouillement
Et en même temps (« aussitôt »), Jésus se rend compte qu’une force est sortie de lui. Si la vie sort de Jésus à ce moment là c’est parce que, peu à peu, Jésus entre dans la mort. La mort fait son oeuvre en Jésus au moment où elle cesse de faire son oeuvre en la femme. C’est un peu comme la guérison de lépreux. Jésus touche le lépreux (en prenant sur lui les conséquences de cette maladie). Il se laisse faire. Il prend conscience qu’une force est sortie de lui mais il se laisse dépouiller (comme au Calvaire, il se laissera dévêtir par les soldats). Jésus fait presque des miracles malgré lui. Non pas malgré lui mais par le simple fait qu’il est qui il est. Par le seul fait que son corps est le corps divin, le corps de Dieu. Il se laisse dépouiller comme un jour il se laissera manger.
De riche qu’il était, Dieu s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté.
II Corinthiens 8, 9
Jésus, de condition divine n’a pas revendiqué le rang qui l’égalait à Dieu mais il s’est anéanti en prenant la condition des hommes et en acceptant de descendre jusque dans la mort, et la mort de la Croix. C’est bien sa pauvreté qui nous enrichit. La pauvreté consiste justement à se laisser dépouiller, à se laisser manger. Cette pauvreté là nous enrichit. Il nous enrichit par ce mouvement de descente. Il descend dans la mort à travers le chemin de la croix.
Choisis donc la vie.
C’est ce mouvement de descente (que l’on appelle la « kénose » en grec) qui nous entraîne nous-mêmes dans le chemin de la vie. Ceux qui se laissent entraîner par Jésus dans ce chemin trouvent la vie. Ceux qui refusent de se laisser entraîner entre dans la mort où y demeurent puisqu’ils y sont déjà. Ceux qui refusent de croire prennent le parti de la mort. Ceux qui font l’expérience de la mort ce ne sont pas ceux qui ne croient pas mais bien ceux qui refusent de croire. En effet, beaucoup autour de nous n’ont jamais eu l’occasion de faire l’expérience de la foi en Jésus-Christ. Il s’agit donc de ceux qui refusent de se laisser toucher. Ceux qui refusent d’écouter la Parole de Vie. Ce sont ceux qui se moquent.
Un contact singulier et unique malgré la foule
La foule presse Jésus. La foule presse cette femme mais au milieu de cette foule se joue vraiment l’intime du mystère re de la vie. C’est étonnant de constater qu’autant la femme et la jeune fille sont anonymes. Elles n’ont pas de nom dans l’Evangile. Tout simplement parce que c’est toi, parce que c’est moi. C’est chacun d’entre nous qui sommes concernés par ce mystère de vie et de mort. Jésus me parle à moi à travers cette femme et cette enfant. Jésus prend soin de moi. Jésus me prend par la main. Il me regarde et me parle. Au milieu de la foule il y a un contact intime et personnel. Un contact singulier entre Jésus et moi.
Remarquons encore que Jésus prend avec lui trois de ses disciples. Pierre, Jacques et Jean sont invités à entrer dans cette intimité. C’est la même intimité que celle de la Transfiguration ou que celle de l’agonie au jardin des oliviers. Regardons la Vierge Marie au Calvaire. Ils sont au milieu du brouhaha de la foule, au milieu des moqueries des grands prêtres et des chefs du peuple. Au milieu des hurlements auxquels donne écho le mauvais larron, Jésus et Marie partagent les derniers secrets de leur coeur. Jésus attire Marie à donner sa vie comme lui la donne. Elle accepte d’entrer dans ce chemin de vie en donnant sa propre vie pour l’Eglise à l’image de son fils. Demandons à Marie de nous conduire dans ce chemin de vie. Demandons-lui de nous apprendre à donner notre vie comme Jésus la donne. Acceptons de nous laisser vider de nous-mêmes pour nous remplir de la vie divine, la vie qui ne finit pas, la vie qui ne peut pas mourir. Par lui, avec lui et en lui, nous donnerons, nous aussi notre vie pour les autres par la charité. La charité est en effet le grand mouvement de la vie: la charité ne passera pas.
Au Ciel nous aimerons de façon parfaite mais ici bas efforçons nous d’aimer en vivant petitement avec un amour immense de Dieu et des hommes