DIEU DELIVRE        DIEU GUERIT      DIEU SAUVE     

En cette semaine après Pâques, après avoir réécouté en Eglise, les lectures de la Vigile de Pâques, une certitude : Dieu veut que nous soyons sauvés.

Souvent, des personnes nous sollicitent pour demander des conseils ou des prières parce qu’elles ont l’impression d’être nées sous une mauvaise étoile ou bien semblent accumuler les déboires. Force est de constater, sans généraliser, que bon nombre de ces personnes s’en trouvent mieux après avoir pris conscience qu’elles sont emprisonnées par leur histoire et qu’un chemin de libération est possible. Libération par rapport aux pratiques occultes. Libération par rapport à des souffrances qui ont été infligées et pour lesquelles un pardon semble impossible.

Dieu nous a créés libres. Libres d’aimer, libres de ne pas aimer. Libres de croire, libres de ne pas croire. Mais Dieu veut notre bonheur. Dieu veut nous délivrer totalement pour nous permettre de refaire un bon usage de notre liberté à chaque carrefour de notre vie. Dieu veut nous donner la puissance dont nous avons besoin pour affronter notre présent et notre avenir.  Le Seigneur veut extirper de nos vies l’influence des esprits mauvais. 

Faire confiance à Dieu, résister à la tentation, nous repentir de nos péchés, renoncer aux oeuvres du mauvais et pardonner à ceux qui nous ont fait du mal contribue pour 98 % à notre délivrance. Cependant, nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à une totale liberté tant qu’ils n’ont pas acquis les deux derniers pour-cent qui consistent à commander à l’esprit du mal de partir. 

Nous sommes pour la plupart encore enchaîné d’entraves de toutes sortes: nous avons peur du rejet, nous sommes perfectionnistes compulsifs, nous sommes dépendants de l’alcool, de la pornographie. Nous avons peur de la mort. Nous avons peur de ne pas être aimés. Nous ne parvenons pas à pardonner. 

Bien sûr, tout cela n’est pas seulement lié à l’action des esprits mauvais mais pour beaucoup, l’influence des esprits mauvais est le domaine que l’on oublie souvent et auquel on ne s’est pas encore attaqué. Durant les soirées de délivrance et de guérison organisées ci et là, nous percevons petit à petit que c’est en expulsant de nous les esprits mauvais que nous parviendrons à la guérison intérieure voire physique. Le sacrement de la réconciliation est souvent vécu comme un moyen de retrouver notre liberté et d’en faire meilleur usage. Se savoir aimé par le Père, et retrouver notre qualité de fils et de filles bien aimés est aussi salvateur. La prière du Notre Père nous aide à choisir le bien en nous délivrant du mal.

Par le baptême, nous avons été libérés du royaume de la mort et nous marchons vers la terre promise du Royaume. Je pense que nous sommes comme les enfants d’Israël qui erraient dans le désert après que, par Moïse, Dieu les ait libérés des contremaîtres égyptiens. Et dans ce désert, ils avaient gardé une mentalité d’esclaves. Toute une génération d’Israélites est morte dans le désert avant que le peuple ne soit prêt à coopérer avec Dieu en abandonnant notamment leurs fausses idoles. Posons-nous la question en toute lucidité: n’avons-nous pas gardé, en quelque domaine, une mentalité d’esclaves? Quelles sont nos chaînes actuelles?

C’est lorsque nous sommes libérés de nos chaînes spirituelles que nous recevons la bénédiction que Dieu a donnée à son Fils pour que nous puissions vivre à la louange de sa gloire. Dieu se réjouit toujours lorsque nous lui manifestons notre volonté de nous libérer de nos esclavages. Dieu se réjouit de nous voir chercher tout ce qu’il a à nous offrir en Jésus son fils. 

Prions: Seigneur Jésus, viens et saisis-moi. Gagne mon coeur par ton amour. Donne-moi le courage de demander la liberté et les bénédictions que tu me réserves personnellement. Fais que cette soirée me renouvelle dans mon espérance. Touche ces domaines de ma vie que je ne t’ai pas abandonnés. Montre-moi qui je suis, révèle-moi ton plan de salut sur ma vie, mon identité et ma destinée. Bénis-moi pour que je puisse devenir une bénédiction pour les autres.

Vous l’avez compris: le but de Dieu c’est d’anéantir nos idoles. Nous avons souvent une petite idole que nous portons en nous depuis des années et que nous adorons comme si elle était le vrai Dieu. L’idole de l’argent, l’idole du regard es autres, l’idole du pouvoir, l’idole de notre fausse liberté.

Le diable, lui a un autre projet pour nous. Mais rassurez-vous : Il n’y a aucune raison de se concentrer sur un démon. Un esprit mauvais n’est rien comparé à la puissance de Jésus. Le seul pouvoir que possède un esprit mauvais c’est ce que nous-même ou nos parents lui avons donné. Mais heureusement, Dieu souhaite que nous soyons conforme à l’image de son Fils (Ro 8, 28-29). Une fois qu’on a découvert le point d’entrée, il est facile de prendre autorité. Le noeud de l’affaire n’est ni l’esprit mauvais, ni sa force, ni son nom; c’est plutôt le mensonge qui constitue la porte ouverte. Mais la puissance du nom de Jésus est réelle et tellement agissante. Nous ne devons pas nous concentrer sur nous-mêmes mais bien sur celui qui peut et veut nous sauver: Jésus. Nous nous fortifions vraiment pour le combat par la prière, la louange, la lecture de la Parole de Dieu, la réception des sacrements. Surtout ne doutez pas que les chrétiens ont cette autorité de briser le pouvoir des esprits mauvais qui se cachent derrière des pensées qui nous tiennent captifs. 

Nous allons maintenant mettre entre vos mains cinq clés. Il faut s’imaginer une porte fermée à clé. Cette porte a cinq verrous, chacun s’ouvrant avec à l’aide d’une clé. Tous ceux qui croient au Christ ont à leur disposition ce qu’il leur faut pour se libérer de l’influence des esprits mauvais. Si on omet une clé, le verrou reste en place et la porte ne s’ouvrira pas. Je vais vous présenter les clés dans l’ordre où elles sont couramment utilisées mais cet ordre n’est pas rigide. En même temps que l’on ouvre la porte pour accueillir Jésus dans notre vie, il faudra bien sûr en refermer pour laisser en dehors de nous tout obstacle à sa volonté salvifique. Souvenez-vous:  Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai le repas avec lui et lui avec moi (Ap 3, 20).

Les cinq clés sont: 

* la repentance 

* le pardon

* la renonciation à l’oeuvre de nos ennemis

* s’établir dans l’autorité reçue en Jésus-Christ

* recevoir la bénédiction de Dieu sur notre identité et notre destinée

La repentance

Toute guérison implique le pardon. Beaucoup de chrétiens ont grandi dans l’Eglise et acceptent de bonne foi son enseignement. Mais pour une authentique relation avec le Seigneur, il faut un temps de conversion. Et cela passe souvent par la prise de conscience que le Seigneur a fait quelque chose pour moi (et pas que vaguement pour l’humanité). Saint Jean-Paul II aimait donner comme définition à la conversion le fait d’accepter de recevoir Jésus comme son Seigneur et sauveur personnel et que l’on devienne son disciple (Redemptoris Missio, 46).

Le problème pour les chrétiens est d’apparaître trop souvent comme le fils ainé de la parabole du fils prodigue. Il a l’impression d’avoir fait tout ce qui était à faire mais il n’est pas exempt de péché. 

Par exemple celui du légalisme et de la suffisance (en tant que chrétien, je suis conforme à un ensemble de règles  // voilà tant d’années que je te sers, pourquoi le moins digne est-il aussi bien traité que moi: c’est injuste).

L’orgueil qui nous fait résister à notre dépendance vis-à-vis de Dieu.

Les jugements : il est ainsi, il ne peut pas changer (les étiquettes).

La peur : le frère ainé n’est pas à l’aise dans sa relation avec Dieu. Il ne comprend pas que la source de cette relation n’est pas ce qu’il fait mais bien l’amour de Dieu. 

L’apitoiement sur son propre sort.

L’amertume et la rancoeur.

Je dois donc reconnaître mon péché. 

Au nom de Jésus, je pardonne

Il existe souvent un noeud qui nous empêche d’être libre c’est le noeud du pardon que l’on ne veut pas accorder à quelqu’un. Mais il y a tant de raisons qui nous empêchent de pardonner: 

Souvent, nous manquons de foi. On croit que c’est impossible de pardonner au vu de la souffrance qui a été subie. 

Il y a aussi parfois le manque de désir. On se complait dans la victimisation. Je ne veux pas pardonner. 

Encore plus fréquent : on ne se rend pas compte que nous ne serons vraiment libéré tant que nous n’aurons pas pardonné à quelqu’un. 

On peut aussi évoquer le désir de vengeance ou le sentiment de peur (si je pardonne, je risque d’abandonner une arme défensive).

L’orgueil s’installe lorsque nous pensons que les autres doivent faire quelque chose pour mériter notre pardon. Je rejette aussi la clé de la réussite du pardon sur la responsabilité de l’autre: On se met en tête un scénario qui me fait croire que l’autre a la clé de ma guérison à la condition qu’il se repente. Nous sommes seuls responsables de la réponse que nous apporterons à l’offense subie. 

Je ne parle même pas de l’influence des esprits mauvais qui ne veulent absolument pas favoriser la moindre démarche de pardon à donner ou à recevoir. Il faut donc renoncer à l’esprit du diable qui ne fait qui transforme notre sentiment d’amertume en compagnon de vie préféré.

Bien sûr, pour pouvoir pardonner il faut avoir été l’objet du pardon d’un autre. Pour ceux qui n’ont jamais compris la profondeur de leur péché et ressenti la profondeur de la miséricorde, cela semble plus difficile, c’est évident. Il faut avoir beaucoup souffert pour comprendre un tant soit peu la souffrance d’un autre. Finalement, donner le pardon est un des plus beaux cadeaux que vous faites à vous-même.

L’esprit du mal peut également nous faire douter de l’amour que Dieu nous offre. Il nous fait poser cette question dans un recoin de notre tête: finalement, penses-tu que Dieu t’aime vraiment : pourquoi a-t-il laissé faire une chose pareille? 

Comment douter de l’amour de Dieu quand on repense à ce par quoi il est passé pour nous sauver? Pour recevoir le pardon et le donner, il faut vraiment laisser le pardon de Dieu couler à travers nous. C’est sur la croix que naît le pardon. Là se trouve la source, l’amour du Christ. C’est lorsque nous accueillons le pardon de Dieu, notamment à travers le sacrement de la réconciliation qui vous est proposé ce soir, que nous avons la force de pardonner à notre tour.

Il nous faut également évoquer les étapes qui nous permettent de déverrouiller le pardon : 

Vous pouvez demander à quelqu’un de confiance de prier pour vous. Cela peut être quelqu’un qui vous a déjà témoigné qu’il a souffert comme chrétien d’une situation qui s’est débloquée une fois le pardon accordé. 

Il faut évidemment demander à l’Esprit Saint de vous guider. Et lorsque vous sentez sa présence, contemplez Jésus qui vous aime. Notamment à travers le sacrement de l’eucharistie. Les domaines où vous n’avez pas pardonné sont souvent ceux que vous n’avez pas abandonné à Celui qui vous aime. Nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes: c’est lui qui sauve. 

Souvenez-vous aussi des paroles de Jésus en croix. Que ces paroles deviennent le vôtres aussi: Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. Finalement, c’est Dieu qui peut vous aider à pardonner.

Il est important que vous pensiez à la personne qui vous a blessé et ce qu’elle vous a fait. Ressentez la souffrance. Le pardon s’ancre davantage en nous si nous pardonnons à partir de notre lieu de souffrance. Dire que vous pardonnez alors que vous niez la douleur n’arrache pas la racine. Une fois que vous êtes arrivé à la souffrance, dites à haute voix:  au nom de Jésus, je pardonne à… pour … Dites le nom de la personne et mentionnez clairement ce que vous pardonnez à cette personne.

Pourquoi le dire à haute voix? D’abord, cela nous empêche de demeurer dans le vague et ensuite on entend ce qu’on dit. 

Renouvelez cette étape autant de fois que vous vous rappelez des personnes à qui vous devez pardonner. S’il vous est difficile de faire ces déclarations de pardon, essayez au moins de parler au Seigneur de votre blessure et de votre souffrance. Laissez-le vous conduire lui-même jusqu’au lieu du pardon. 

Bien sûr, il convient de rendre grâce à Dieu pour sa bonté. Une fois libéré, mettez à profit votre nouvelle liberté pour aimer quelqu’un d’une façon pratique car le fruit du pardon, c’est l’amour. 

Je ne peux m’empêcher de vous redire que vous ne devez pas vous oublier. Vous avez à vous pardonner à vous-mêmes. Cela nous permet d’apprécier qui nous sommes et pourquoi Dieu nous a créés.

La renonciation au nom de Jésus

Une fois que je reconnais qu’il y a une vraie crise dans ma vie et que je ne peux demeurer avec elle, je dois renoncer à l’ennemi et dévoiler son identité. Au baptême, dès le 4e siècle, étaient prononcés ces mots lourds de sens: Je renonce à Satan, ses oeuvres et à toutes ses séductions. Renoncer signifie que l’on ne veut plus voir cette influence néfaste sur sa vie et que c’est désormais terminé. 

Les avantages de la renonciation sont nombreux. Tout d’abord cela permet d’identifier le mensonge et la puissance qui se cache dernière. Une fois que l’on identifie la racine du mal, une fois qu’elle est nommée, on peut alors sentir la force de l’esprit du mal qui est derrière et on peut y renoncer. La renonciation brise le pouvoir du mal et nous permet de devenir enfin des adultes (cela me responsabilise) par rapport au mal : maintenant c’est fini. J’en ai assez. Je sais où tu te caches et tu ne pourras plus jamais demeurer ici. La renonciation fait partie de notre conversion permanente.

Au nom de Jésus, je renonce à la peur, au mensonge, à la culpabilité, à telle dépendance. On ressent alors une force qui nous permet de parler sans peur contre nos ennemis. Car nos paroles ont une force. Elles dévoilent le coeur.  Donner sa parole, c’est plus que des mots. Cela permet de faire ce que cela annonce. Et en plus, on peut parler au nom de Jésus: quelle force !

L’autorité du nom de Jésus

L’autorité c’est le pouvoir d’agir au nom d’un autre. Elle appartient à un autre. Et nous avons ce pouvoir car il nous a été donné:

Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc de toutes les nations faites des disciples les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps.

Matthieu 28, 18-20

Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons, ils parleront des langues nouvelles, ils prendront dans leurs mains des serpents et s’ils boivent quelque poison mortel, cela ne leur fera aucun ma; ils imposeront les mains à des malades et ceux-ci seront guéris

Marc 16, 17-18

Nous avons reçu l’autorité en son nom pour qu’avance le Royaume de Dieu. Nous pouvons exercer cette autorité sur les esprits mauvais quand nous servons le Seigneur.

Identifier nos ennemis et les mettre sous le projecteur du nom de Jésus nous donne une autorité sur eux.  Mais nous le savons bien, l’ennemi peut gagner en influence quand on constate :

– un péché non confessé

– quand on préfère le mal au bien et la mort à la vie

– sous les effets d’un péché de famille

– les malédictions : quand on maudit

– les implications dans l’occultisme 

– la rébellion ou la désobéissance

– les relations non appropriées

– les mensonges 

Fort heureusement, le Christ nous donne la quatrième clé. Car nous sommes les fils et les filles de Dieu, nous avons autorité sur nos ennemis. Nous demandons aux ennemis de partir au nom de Jésus. Lorsque nous débusquons le mensonge sur lequel nous avons erronément construit notre vie, l’ennemi est contraint de s’en aller car la racine du mal est extirpée. L’objectif n’est pas, bien sûr, de chercher les esprits mauvais mais de leur fermer la porte au nez. 

La bénédiction du Père

Dans le récit de la Genèse il est dit que Dieu les bénit et leur dit… Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait et cela était bon, voire très bon. 

Bénir signifie ici parler avec le coeur de Dieu et avec ses pensées à lui parler au coeur d’une autre personne. Toutes les bénédictions dont a bénéficié le Christ nous appartiennent désormais car nous nous identifions à lui. 

Sans la bénédiction, on interprète mal l’autre. Par exemple, la correction fraternelle peut apparaître comme un rejet. Nous manquons d’espérance et souvent nous vivons dans la peur. La bénédiction du Père vient nous libérer et nous restaurer ce qui nous a été dérobé. Petit à petit, nous nous rapprochons de la maison du Père. Et avec un coeur libre, nous pouvons ensuite transmettre cette bénédiction aux autres.

Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage,
qu’il te prenne en grâce !
Que le Seigneur tourne vers toi son visage,
qu’il t’apporte la paix !”
Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël,
et moi, je les bénirai. 

Livre des Nombres, chapitre 6.