COVID: Changeons de cap

Les échecs permettent de mûrir un problème et de découvrir la voie de la réussite. Admettons notre échec et ne pataugeons pas dans une obstination aveugle. Les Belges sont infantilisés. Les conférences de presse nous martèlent que si cela ne va pas mieux c’est de notre faute. Jamais, les décideurs ne se remettent en question et il est encore plus rare qu’ils évaluent le bien-fondé des mesures et surtout leur efficacité sur les courbes, les plateaux et les vagues. Et même quand les statistiques sont meilleures, la ligne d’horizon s’éloigne sans cesse. On vivote sans perspective. Il faut changer de cap! Il en va de notre survie.


Oui, il faut changer de cap. Et nous avons besoin d’un capitaine crédible (à tout le moins savoir qui est aux commandes) pour assurer l’adhésion citoyenne aux mesures sanitaires.

Les mesures prises par l’Etat belge

Nos gouvernants ont l’obligation d’intervenir pour gérer une crise comme celle de la covid-19 pour protéger les personnes soumises à leur juridiction. Ces mesures doivent être adaptées au risque encouru. Reconnaissons qu’en Europe, au cours du mois de mars 2020, c’est entre 21000 et 120000 vies qui ont été sauvées par les mesures gouvernementales.

La Belgique étant ce qu’elle est, chaque autorité (régions, communautés et les institutions bruxelloises) est responsable de la lutte contre une crise touchant la santé publique. On pourrait rêver qu’une centralisation fédérale et harmonisée soit recommandée. Ce n’est pas le cas. La 6e Réforme de l’Etat n’a pas conféré au fédéral la politique de crise en cas de pandémie aigüe. On ne le sait que trop, les compétences, dans le domaine de la santé, sont dispatchées dans un schéma complexe (il suffit de constater le nombre de ministres de la santé).

Beaucoup ont été surpris que des mesures prises par le gouvernement n’ont pas toujours été décidées en accord avec le parlement. Il y a eu la question de la confiance de la Chambre des Représentants envers le gouvernement fédéral qui a connu de nombreuses péripéties. La situation a poussé de nombreux partis à accorder leur confiance à un exécutif fédéral largement minoritaire. Les chefs de groupes parlementaires ont été substitués par les présidents de partis. Il y a eu également le recours aux « pouvoirs spéciaux » qui permettaient de se passer de la voie d’adoption réglementaire. Nécessairement limités dans le temps, les « pouvoirs spéciaux » sont octroyés en cas de circonstances exceptionnelles justifiant une réaction rapide. Je me permets juste de souligner que ces pouvoirs spéciaux ont été décidés par un gouvernement en « affaire courante ». Les constitutionnalistes ont de beaux jours devant eux pour juger l’histoire quand celle-ci sera apaisée. Il va falloir travailler également sur un système explicite d’état d’urgence qui n’existe pas encore en Belgique, contrairement à d’autres Etats européens.

Il va s’en dire que pour lutter contre le virus, de nombreux droits fondamentaux ont été bafoués (liberté de déplacement, droit au respect à la vie privée, liberté de conscience et de culte, liberté d’expression, etc). Mais il en allait de la protection des citoyens, je l’accorde. Il est temps d’admettre que cet « état d’urgence » (de fait et non constitutionnel) a fait son temps. On ne voit pas comment de telles mesures sont encore justifiées aujourd’hui.

Des règles quasi impossibles à respecter

Je suis toujours mal à l’aise lorsque les règles qu’on nous impose sont tellement ubuesques qu’elles frisent l’impraticabilité. Je ne vais pas surfer sur l’opportunisme politique de ceux qui reconnaissent ne pas respecter la bulle imposée alors qu’ils participent eux-mêmes aux décisions. Les intentions de vote des jeunes sont connues: Ecolo, PTB et Vlaams Belang. Inutile de leur faire des yeux doux. Leur vote est déjà acquis.

Cette année, j’ai à peine décelé les quelques canulars du premier avril tant nous sommes bombardés, depuis des mois, par des informations qui dépassent l’entendement et qui ressemblaient parfois à des poissons d’avril.

Le nombre de sièges dans les trains à destination touristique sera limité sauf les jours d’école. Seuls les sièges côté fenêtre pourront être utilisés dans les trains, excepté pour les moins de 12 ans.

Je ne suis pas le seul à penser que les mesures sont inadaptées et illégales car fin mars, on apprenait que l’Etat belge était condamné à mettre fin aux « mesures Covid » dans un délai de 30 jours, sous peine d’astreintes. Une chose est sûre: l’insécurité juridique que nous connaissons est bien réelle. Pour contrer cette décision du tribunal de première instance de Bruxelles, l’Etat doit donc créer une nouvelle « loi pandémie » au risque de se retrouver dans une situation de non-droit. Il faut que cela change, de toute façon.

Essayons autre chose

On reconnaît, depuis un certain temps, que le nombre d’hospitalisation diminue. De plus en plus de personnes à risque sont vaccinées. On sait aussi que le virus n’aime pas la montée des températures. Tout cela devrait faire évoluer positivement les mesures en vigueur.

Même si les autorités retardent encore le feu vert accordé à certains secteurs, force est de constater que la population est à bout. Le fait de ne plus pouvoir embrasser les proches, de ne pas encore envisager de traverser les frontières, de travailler par écran interposé ou de ne plus voir de visages sans masque devient très pesant. Le peuple belge est calme mais parfois, « trop is te veel« .

L’exaspération croissait, une exaspération de peuple calme, un murmure grondant d’orage, sans violence de gestes, terrible au-dessus de cette masse lourde.

Emile Zola

L’exaspération rencontrée dans certains secteurs pousse de plus en plus de monde à enfreindre les règles (pas toujours bétonnées légalement comme on l’a vu) et à organiser une certaine forme de résistance civique. La tentation est grande, pour satisfaire le dogmatisme de certains ministres, d’appuyer sur le bouton rouge de la répression. La réaction pourrait devenir ingérable. La « distanciation sociale » deviendra complètement incontrôlable car les gens vont se retrouver dans la rue. Même si je suis, comme beaucoup, exaspéré; je ne suis pas d’un naturel révolutionnaire. Je plaide donc pour une adaptation rapide des protocoles sanitaires. On peut quand même envisager des rassemblements avec masques dans des locaux bien ventilés sans décoiffer la mèche de M. Van Laethem.

Osons le risque

Cette crise nous aura coûté cher. Notre dette va encore s’accroître pour assurer le paiement des subsides en compensation du chômage partiel ou des fermetures des lieux de travail « non essentiels ». Et comme l’argent est le nerf de la guerre, il va peut-être forcer les décideurs à revoir leur copie.

On lisait récemment dans le Wall Street Journal, qu’Il faudra peut-être quatre à cinq ans avant de voir la fin de la pandémie et le début d’une ère normale post-Covid. Quatre à cinq ans? Rien de neuf en fait car les prévisions les plus pessimistes d’hier sont devenues les plus optimistes aujourd’hui. On évoquait prudemment l’année 2023 comme échéance pour un retour « à la normale ». Ce serait magnifique si c’était le cas. Le problème c’est qu’après un an de mesures, on se rend compte que la coupe est pleine. Il va falloir lâcher du lest. On nous met dans l’oreille qu’il va falloir vivre avec ce fichu virus. Et bien soit. Adaptons-nous et vivons malgré le virus.

Ne nous leurrons pas: nous n’arriverons pas à un risque zéro de contamination. Hormis la question de son évolution, ce virus n’est pas différent des autres virus touchant le système pulmonaire. Qu’il s’agisse de la contagiosité, du taux de mortalité ou des problèmes d’immunité, le Corona virus adopte les mêmes critères. Et c’est justement à partir de ces trois aspects que nos gouvernants, coachés par les « experts », justifient les mesures prises depuis le début de l’apparition de la maladie en Belgique. Malgré l’évidence de l’échec, on maintient le cap vers l’iceberg qui va faire sombrer le navire.

Pour rappel, 300 décès étaient constatés en moyenne en Belgique chaque jour en 2017, 2018 et 2019. En 2020, 127134 décès ont été déplorés, soit 348 décès en moyenne par jour. A l’heure où j’écris ces lignes, 43 décès étaient attribués à la Covid, en moyenne par jour, la semaine dernière.

Des lendemains cauchemardesques pour les jeunes

Comme le faisait remarquer un médecin, pour lutter contre le cancer du colon, on ne fait pas des colonoscopies à l’ensemble de la population au nom d’une solidarité générationnelle. On se limite aux personnes à partir de 50 ans et aux personnes ayant une prédisposition génétique. Tout simplement parce qu’il faut tenir l’équilibre entre les bénéfices des mesures, les risques encourus et les coûts. J’ai l’impression (et c’est plus qu’une impression) que l’on sacrifie notre jeunesse pour protéger à tout prix les plus âgés, plus vulnérables certes mais l’immortalité n’est pas encore d’actualité si je ne m’abuse.

Moi je dis que la vie a un prix, et que ce prix n’est pas le même selon les générations ; que le prix de ma vie, la vie de gens comme moi, ça n’est pas très élevé, parce que la vie elle est derrière, il y a quelques années devant, c’est pas grand chose. Mais la vie des jeunes de 20 ans, de 40 ans, ça, c’est capital, et il ne faut pas hésiter à sacrifier la vie des plus âgés pour assurer l’avenir des plus jeunes.

François de Closets, 87 ans

Bien sûr, il ne s’agit pas de choisir une génération plutôt qu’une autre. La valeur d’une vie dépend-elle de ce que l’individu a déjà réalisé ou bien ou de ce qu’il est susceptible de devenir? Voilà un beau sujet d’examen en distanciel pour juin. Une chose est sûre pour moi: la vie, quelle qu’elle soit, n’a pas de prix.

Les lieux de culture, de sport et de convivialité participent à la croissance et à l’épanouissement des jeunes. Leur carence provoquera un tsunami sur le plan de leur santé mentale.

Les rassemblements en plein air ne sont pas à encourager, c’est évident, mais reconnaissons que le risque de propagation est bien inférieur aux craintes émises. Il reste théoriquement possible d’être contaminé par des gouttelettes ou des particules en suspension projetées par une personne infectée mais il n’y jamais eu d’explosion de contaminations après un événement en plein air. La démesure des moyens déployés pour faire évacuer les jeunes du Bois de la Cambre n’avait d’égale que l’insouciance des participants à cette « boum ». Mais admettez que la jeunesse a réagi par rapport à une provocation du shérif-bourgmestre de Bruxelles. Pour en côtoyer quelques-uns, je crains que nos jeunes sont au bout du rouleau et qu’il va falloir les épauler et les écouter dans une large mesure. Nous sommes à la veille d’une catastrophe psychologique.

Toutes les institutions décrédibilisées

Quand ils basent une réaction face à la pandémie sur l’autoritarisme, la violence, la délation et la peur, nos gouvernants avouent l’échec de leur politique. Les choix politiques antérieurs ont eu des répercussions catastrophiques. En ce début du mois d’avril, on estime que 52 % des lits sont accrédités à des patients Covid en Hainaut.  

Si on n’avait pas sacrifié le nombre de lits sur l’autel de la rentabilité et des économies, nous n’en serions pas à devoir envisager un remboursement à long terme des coûts de la crise. D’ici la fin de l’année 2021, la crise aura coûté à la Belgique près de 32 milliards d’€uros. Bien plus que les maigres économies engrangées par la décision de supprimer des lits d’hôpitaux.

Pour rappel, en 2017, on constatait un nombre relativement important de lits hospitaliers agréés qui n’étaient pas occupés. L’objectif d’une réduction progressive d’un quart du nombre de lits était motivé par une utilisation adéquate de l’infrastructure en fonction des besoins de la population. Les gains d’efficience qui étaient espérés étaient jugés nécessaires, d’une part pour compenser le sous-financement hospitalier, mais aussi pour développer l’offre de soins alternative à l’hospitalisation qui était insuffisante par rapport aux besoins (maisons de convalescence, maisons de soins, hospitalisation à domicile). Le problème, c’est que nous n’avons pas constaté d’amélioration dans les structures alternatives. Les économies escomptées ont certainement été injectées ailleurs. En tous cas, ce qui est certain, c’est que le personnel soignant est resté le parent pauvre des investissements et a dû se contenter des applaudissement des citoyens lors de la première vague.

Le fait de retarder sans cesse la réouverture de certains secteurs me fait penser que nos décideurs comptent sur le fatalisme des Belges pour atteindre les fameux 70 % de personnes vaccinées. Hormis la violence, la délation et la répression prônées par le maoïsme, la Belgique n’a pas encore totalement adopté toutes les mesures prises en Chine. Elle a décidé de ne pas rendre obligatoire le vaccin.

Pour rendre la vaccination obligatoire, il faudrait que cinq critères soient rencontrés:

  • le vaccin doit être une réponse à un danger imminent qui menace l’ensemble de la population
  • le vaccin doit être efficace et fiable
  • les groupes pharmaceutiques distributeurs de vaccins doivent être éthiquement irréprochables
  • aucune autre alternative ne doit exister
  • qui dit « pandémie » dit « universalité » du problème donc tous les pays doivent pouvoir avoir accès au vaccin

Je vous laisse apprécier si les critères sont tous remplis mais la question de rendre obligatoire la vaccination ne se pose pas… encore.

Soyons clairs: je passe de nombreux après-midis au centre de vaccination de Tournai en tant que bénévole. Une organisation sans faille (quand les doses sont disponibles) et un très bon esprit y règnent. Fier de pouvoir collaborer à ce service. Comprenez donc que je ne suis pas contre les vaccins. Je ne voulais pas être vacciné mais par solidarité et en espérant un retour à une vie normale (et pas à un retour à la vie d’avant), j’ai reçu ma première dose d’AstraZéneca.

Je regrette que l’on ait « forcé » des personnes âgées à la vaccination en leur faisant miroiter un retour rapide à la normale pour les visites des membres des familles dans les maisons de repos. On leur a menti. J’espère qu’il n’y aura pas trop de personnes vaccinées qui contracteront la maladie. Quand je vois, au centre de vaccination, l’espoir dans les yeux des gens qui viennent répondre à la convocation, j’espère de tout coeur pour eux la concrétisation de leur secret espoir. La manipulation par les médias sur certains vaccins m’inquiète quant à la solidité des autres informations liées à la pandémie. Depuis un certain temps, je ne regarde plus la télévision. On se protège comme on peut de la morosité ambiante.

Tout cela pour dire que toutes les institutions sont mises à mal. Le monde politique n’avait pas besoin de cela pour être décrédibilisé mais cette situation est inquiétante. Dans son sillage, il risque de mettre à mal la perception d’autres institutions comme les forces de l’ordre (qui ne font qu’appliquer les mesures des décideurs), la justice (qui ploie sous les dossiers qui s’empilent), l’enseignement (on ne peut plus malmené et dont la gestion des risques encourus se refile comme une patate chaude), etc…

Les responsables des cultes, ont souhaité demeurer solidaires des choix des autorités civiles. Ils n’en n’avaient pas vraiment le choix. Il n’empêche, on ressent une cassure (ou une incompréhension, a minima) entre les paroissiens et le semblant d’immobilisme des autorités religieuses. Ne pas le reconnaître c’est se voiler la face. L’Eglise, comme institution, sera certainement emportée par la même vague de discrédit. Ce n’est pas la première fois, ce ne sera pas la dernière. Fort heureusement, l’Eglise tient aussi par la volonté de Dieu donc je ne suis pas inquiet.

Bien sûr, on aurait pu craindre fermer totalement les lieux de culte mais on a pris le parti d’être plus diplomates que témoins de l’importance de l’eucharistie dans la vie des catholiques. On se contente des quinze pratiquants quelle que soit la superficie des lieux de culte. Surréalisme à la Belge. Réjouissons-nous qu’on ne nous entrave pas plus la liberté de culte. Il semblerait que pour le Ministère de l’Intérieur, les interlocuteurs pour les cultes ont pour seules références l’Islam. J’en profite pour souhaiter un bon ramadan à mes amis musulmans. Au moins, on ne pourra pas dire que nos églises auront été des lieux de propagation du virus. Heureusement, elles demeurent un lieu de propagation d’espérance et de foi. Ainsi donc, les institutions sont, pour la plupart, menacées car discréditées et peu cohérentes. Et le pire c’est qu’elles sont démunies face à l’émergence d’autres futurs variants.

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Je ne voudrais pas que quelqu’un profite de l’état de notre Belgique pour prendre en otage les citoyens et les embrigader dans des eaux troubles qui nous rappelleraient de mauvais souvenirs. La vigilance est de rigueur. Le peuple belge est valeureux. Quand on pense qu’on nous a demandé de coudre nous-mêmes des masques et que ceux distribués par l’Etat se sont révélés toxiques, il y a de quoi être désarçonné… Mais ne tombons pas dans le piège de vouloir à tout prix la tête de l’un ou l’autre. Des responsabilités seront certainement reconnues par une probable commission parlementaire dont notre pays a le secret.

Restons unis dans le combat contre ce virus invisible. Ne nous trompons pas de cible. Des solutions de bon sens existent (distanciation, ventilation, vaccination). L’unité demeure notre force. Notre capacité d’adaptation aussi.

2 commentaires

  1. Pascale Permalink

    Merci Bryan, c est l analyse que je me fais également, mais en plus clair!😉
    Y a t il un pilote dans l avion??
    Pourvu que il atterrisse vite, et que les passagers arrivent à construire Un monde plus humains..
    Gardons courage,…

  2. Permalink

    Merci de cette belle analyse si bien documentée, pertinente et claire. Nous la partageons, tu le sais.
    Ceux qui nous « guident » ont perdu le gouvernail depuis un petit moment. À moins que ce soit de l incompétence à gérer les situations graves, comme seuls de grands esprits ont su le faire !
    Ils sont donc très petits malgré leurs « gesticulations » oratoires. CQFD …

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