Notre sort dans l’au-delà, notre corps ressuscité

Homélie du 32e dimanche dans l’année C

Les textes de la liturgie se trouvent ici:

https://www.aelf.org/2022-11-06/romain/messe

Dans le prolongement de la fête de la Toussaint et de la Commémoration des fidèles défunts, la liturgie de ce jour nous aide à mieux comprendre notre sort dans l’au-delà. Au moins les textes de ce dimanche sont limpides : oui, il y a bien une résurrection des morts ! Au moins c’est clair. Mais on est en droit de titiller notre curiosité. Allons-nous ressusciter avec le corps de nos vingt ans? de nos 40 ans? de nos 80 ans? Allons-nous retrouver les êtres que l’on a aimés et qui nous ont précédés?

Comment serons-nous là-haut ?

La foi est une espérance qui ne dit rien du comment. Le symbole des Apôtres nous a cependant appris à parler de la résurrection de la chair. Qu’est-ce à dire ? L’Évangile d’aujourd’hui nous suggère que nous serons comme des anges. Cette réponse de Jésus nous invite à ne pas prendre cette résurrection de manière matérielle. Il ne s’agit pas d’un retour à la vie terrestre, mais d’une « re-création », d’une transformation inimaginable.


Il y a en effet une rupture profonde entre cette vie-ci et l’autre. Nous serons désormais dans le monde de Dieu, lui qui est non pas matière mais esprit. Les mots de notre catéchisme et de nos credos sont donc trop pauvres pour nous permettre de comprendre ce à quoi nous sommes appelés.


La mort provoque une rupture mais aussi une continuité. Le mot « chair » signifie tout ce que nous sommes, mais dans la fragilité. Nous serons accueillis avec toute notre personne, tels que notre histoire nous aura fait devenir. Et le pardon de Dieu y mettra la touche finale, rassurez-vous…

L’homme passe l’homme.

Pascal, Pensées

Nous reverrons-nous ?

C’est une question très souvent entendue celle-là. Oui, bien, sûr ! Mais ce n’est qu’une pauvre manière de parler à côté de ce que nous sommes appelés à vivre. La chenille peut-elle imaginer ce qu’est être papillon ? C’est pourtant bien elle qui un jour s’envolera dans le ciel. À la lumière de tout l’Évangile, nous sommes invités à parler du ciel en termes de relations et d’amour. L’essentiel de notre vie, ce sont les relations que nous tissons. Rien n’en sera perdu.

Le ciel éternisera tous les actes d’amour et de service que les hommes auront accomplis sur cette terre.

Bernard SESBOÜE

Vous souvenez-vous du film Ghost? Sam s’en va vers l’éternité Il crie à sa fiancée Molly, encore sur terre : « C’est merveilleux ! L’amour que l’on a en soi, on l’emporte avec soi ! L’auteur du scénario avait bien compris notre espérance chrétienne.

Mais cet amour est appelé à s’élargir, ainsi que le suggère l’histoire de la femme aux sept maris. Notre amour terrestre a encore quelque chose d’exclusif. Nous ne pouvons aimer totalement qu’une personne à la fois. Dieu, lui, est capable d’aimer tous ses enfants, de façon unique et totale. Dans le Royaume, nous serons capables d’aimer comme lui. Les liens privilégiés que nous avons tissés au fil du temps demeureront. Mais en même temps, nous pourrons nous ouvrir à tous et aimer chacun. Telle est l’espérance chrétienne. Saint Paul parlait d’un corps spirituel. Il sera le lieu d’un amour sans frontières.

Y a-t-il une preuve de cet au-delà ? Non, bien sûr, même s’il y en a parfois des signes. Et le plus grand, c’est Pâques. Jésus est comme cet oiseau qui, en se blessant au filet dans lequel tous sont emprisonnés, ouvre une brèche par laquelle ils peuvent passer. C’est à lui que nous allons communier dans cette eucharistie. Il a aimé comme on n’a jamais aimé. Chaque fois que nous aimons comme lui, au moins un peu, l’éternité est commencée et la chenille que nous sommes encore se sent déjà pousser des ailes !