Homélie sur l’Eucharistie

Méditation autour de la fête du Corps et du Sang du Christ.

Les textes de la messe:

https://www.aelf.org/2022-06-19/romain/messe

Juste équilibre

Notre corps ne mérite ni excès d’honneur ni dégoûtant mépris. Pendant longtemps, le corps a été soupçonné d’être à l’origine de toutes les fautes. Maintenant, il est adulé. Dieu a voulu, en s’incarnant, nous livrer, nous rassasier à jamais de son corps. Il a voulu que son corps soit une fête, un festin, une joie pure.

Une religion incarnée

Jusqu’alors, dans la vie spirituelle, tout était compliqué, rationnel, abstrait. On était noyé dans les règles, la morale. Jésus ne voulait pas que notre religion soit trop cérébrale. Il voulait faire comprendre que Dieu c’est d’abord Quelqu’un. Et la connivence, l’amitié avec ce Quelqu’un passe par le coeur. Dieu a voulu que la religion soit simple. Il a mis la religion à notre portée: à portée de mains, de lèvres, c’est cela l’incarnation. Ainsi, Dieu entre en nous par nos sens. Dieu emprunte le chemin le plus ordinaire, le plus fréquenté, le plus apte à nos capacités et à nos goûts. Quelle joie d’accueillir ce qu’il y a de meilleur.

Penser à cela fait naître en nous des sentiments de grande et reconnaissante admiration… Cette admiration doit toujours pénétrer l’Église qui se recueille dans la Célébration eucharistique 

saint Jean-Paul II, L’Église vit de l’eucharistie, n° 5

Dieu, c’est quelqu’un

Notre Dieu est Quelqu’un que l’on peut toucher. A qui on peut s’accrocher. Dieu c’est Quelqu’un qu’on peut aimer. Contre qui on peut se blottir. Je pense à cette femme de l’évangile:

Si je touche seulement un pan de son manteau, je serai guérie.

Matthieu 9, 21

Le toucher, ce n’est pas lui manquer de respect. C’est lui dire notre foi. Et nous pouvons toucher plus que son manteau. Voilà notre chance à nous. Quel frémissement devrait nous inspirer cette phrase: Ceci est mon Corps. Il est là et je n’ai rien d’autre à faire qu’à l’aimer. Il est là pour l’éternité.

L’aujourd’hui de Dieu

Par la célébration de l’eucharistie, nous sommes rendus contemporains du mystère pascal du Christ, ou encore ce mystère est contemporain de notre célébration de ce jour. Croyez-vous que nous vivions quelque chose de moindre que ce que les Apôtres ont vécu lors de la Cène ? Non pas, car nous ne vivons pas autre chose, nous vivons l’unique Cène du Seigneur rendue actuelle par notre célébration, comme elle est présente à toute célébration en tout temps et en tout lieu. Lors de la Cène, toute l’histoire est convoquée et, si l’on peut dire, au présent.

Mieux vivre la messe

Qu’il serait merveilleux si on pensait mieux à ce que l’on fait, à ce que l’on va faire, à Celui qui est là. Quand on mange ce Corps, on mange la mort et la vie de Jésus.

Célèbre cette messe comme si c’était ta première messe, ta dernière messe, ton unique messe.

Quand on mange ce Corps, meurt en moi ce qui doit mourrir et ressuscite en moi tout ce dont je devrais vivre. Si nos communions deviennent sérieuses, conscients de ce que l’on est, de la merveilleuse présence de Jésus en nous, alors on n’est plus jamais le même. Un Autre s’est mis à vivre en moi, avec moi. Il m’ouvre aux autres.

La communion des saints

En l’accueillant, je retrouve tous ceux que je croyais avoir quitté, tous ceux que j’aimais si mal auparavant, tous les défunts dont je pensais être séparé. Voilà que dans la communion, nous nous retrouvons tout ouverts, transparents, accessibles comme un fleuve qui circule du Ciel vers la Terre, de moi à eux. La frontière entre le divin et l’humain disparaît.

Angelus du 19 juin

Le pape rappelle que le risque existe parfois de confiner l’Eucharistie dans une dimension vague et lointaine, peut-être lumineuse et parfumée d’encens, mais loin des difficultés de la vie quotidienne. En réalité, le Seigneur prend à cœur tous nos besoins, à commencer par les plus élémentaires. Et il veut donner l’exemple aux disciples, en disant : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (v. 13), à ces gens qui l’avaient écouté pendant la journée. Notre adoration eucharistique trouve sa vérification lorsque nous prenons soin de notre prochain, comme le fait Jésus : autour de nous, il y a une faim de nourriture, mais aussi de compagnie, une faim de consolation, d’amitié, de bonne humeur, une faim d’attention, une faim d’être évangélisé. C’est ce que nous trouvons dans le pain eucharistique : l’attention du Christ à nos besoins et l’invitation à faire de même pour ceux qui nous entourent. Nous devons manger et donner à manger. Mais au-delà du fait de manger, il faut également être rassasié. La foule était rassasiée par l’abondance de nourriture, mais aussi par la joie et l’étonnement de la recevoir de Jésus ! Nous avons certes besoin d’être nourris, mais nous avons aussi besoin d’être rassasiés, c’est-à-dire de savoir que la nourriture nous est donnée par amour. Dans le Corps et le Sang du Christ, nous trouvons sa présence, sa vie donnée pour chacun de nous. 

Le sacrement de l’Unité

Comme le pain qui est sur l’autel est fait de froment dont les épis étaient auparavant épars ; comme le vin qui est sur l’autel est fait de grains de raisins clairsemés sur les coteaux et réunis maintenant en un seul vin, un seul pain ; ainsi tous ceux qui communient sont rassemblés en un seul Corps devenant le Corps du Christ vivant. Oui, plus que jamais, devenez ce que vous recevez, le Corps du Christ (saint Augustin).