Un prêtre de Mouscron avait pris l’habitude de dire aux jeunes qu’il rencontrait : tu es formidable. C’était sa manière à lui de dire bonjour. En même temps, le jeune ainsi interpellé entendait quelque chose qu’il n’entendait pas souvent.
Il est urgent que tous (parents, enseignants, politiques et décideurs de tout poil) prennent conscience que les ados (12 – 18 ans) ont, depuis le début des contraintes sanitaires, un comportement exemplaire. L’immense majorité s’est dit: OK, je prends sur moi, s’il faut que cela aille mieux après, je suis prêt à faire des sacrifices. (L’étude qui a servi de base à cette réflexion peut être demandée en envoyant un message en commentaire.)
L’Equipe d’Animation Pastorale de Tournai s’est inquiétée de la situation des ados et de la réponse que peuvent donner, notamment, les mouvements de jeunesse. Mais la prise de conscience de cette équipe pastorale ne s’arrêtera pas au constat.
Les enquêtes sociologiques situent la sociabilité avec les autres comme la première activité des ados. La rupture violente et soudaine de la vie sociale avec le premier confinement a bien sûr impacté leur équilibre psychologique. La nécessité d’agir et d’accompagner cet âge spécifique dans le cycle de la vie y est urgente. D’autant que le stress du confinement s’accompagne, depuis le deuxième confinement, d’un stress qui s’installe sur la gestion de l’avenir immédiat et l’avenir à moyen terme avec ses effets sur l’adolescent et ses proches.
Une forte proportion d’ados a connu une véritable détresse psychologique (notamment en termes de nervosité, de trouble du sommeil, d’abattement, de tristesse et de découragement). Il est trop tôt pour mesurer les conséquences du confinement mais je ne suis pas optimiste.
Un fossé d’inégalité qui se creuse entre les ados:
– Manque de motivation
– Difficultés de compréhension des consignes
– Difficultés de connexion, matériel informatique défaillant, partage des lieux de vie pour travailler
– Difficultés à organiser leur emploi du temps de travail…
– Difficultés des membres de la famille ou amis pour les aider dans leur travail.
Je ne doute pas que les enseignants prennent conscience de cela et qu’ils sacrifient les exigences du programme pour faire plus de place à l’empathie et à la compréhension de la situation de leurs élèves. Il faut aller jusqu’à la reconnaissance de leur comportement. Sans leur aptitude au sacrifice, les statistiques de contamination seraient bien pires.
La sédentarité imposée ne peut être compensée qu’avec des mesures d’ouverture aux activités extra-scolaires. Ne rajoutons pas à leur mal-être le stress de choisir une activité et d’abandonner une autre. Nous savons que les mesures barrières peuvent être respectées dans tous les milieux, même dans le cadre de la catéchèse paroissiale. Les paroisses que je connais ont toujours appliqué les mesures imposées même lorsque celles-ci sont saugrenues au vu de la superficie des édifices mis à disposition.
On entendait avant: on voit bien qu’ils n’ont pas connu la guerre. Toute proportion gardée, le fait de ne pas pouvoir embrasser ceux qu’on aime et de fêter des petites victoires intermédiaires en attendant la victoire finale est absolument héroïque. En plus, en période de conflit armé, l’ennemi était clairement identifié. Ici, il est invisible! Respect aux jeunes!
Les psy ne manqueront pas de travail dans les prochains mois. A nous d’ouvrir des lieux de parole et d’écoute. Il est grand temps que les ados quittent des yeux leurs écrans pour croiser à nouveau des regards bienveillants et admiratifs.
Pour nous donner des perspectives (c’est ce qui nous fait cruellement défaut actuellement), voici que l’hymne des prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse au Portugal (2023) vient d’être dévoilé. Que ces images deviennent réalité le plus rapidement possible.