VOUS SEREZ MES TEMOINS

UNE ÉCOLE D’ÉVANGÉLISATION

On vous demande souvent pourquoi vous croyez en Dieu mais vous ne savez pas quoi répondre ? Vous pensez que le message bouleversant de l’Evangile n’est pas assez connu mais vous ne savez pas comment le partager ? Vous avez peut-être beaucoup de mal à voir et à dire tout ce que le Seigneur a fait dans votre vie ? Bonne nouvelle : ce parcours est fait pour vous. Voici dans cet article le premier aspect de la réflexion: pourquoi témoigner. Ce parcours sera proposé en cinq épisodes.

Première partie : pourquoi témoigner ?

Pour beaucoup de chrétiens, le témoignage est comme un caillou dans la chaussure. Ils ont peur de parler du Christ mais culpabilisent de ne pas le faire. Bref, c’est un sujet pénible. Alors, pourquoi témoigner ? Quel que soit le sujet, revenir au pourquoi n’est jamais une perte de temps. Il s’agit d’interroger nos motivations pour nourrir notre désir de nous jeter à l’eau. Il n’y a, au fond, qu’une seule raison valable : l’amour du Christ nous presse. Je vous propose quatre amours qui nous poussent au témoignage.

  • Nous témoignons par amour pour Dieu

C’est l’amour reçu du Seigneur qui fonde le témoignage. Cet amour suscite naturellement dans nos cœurs une réponse. Le Magnificat de Marie est le modèle du témoignage. Dans sa joie d’avoir été choisie, Marie témoigne auprès d’Elisabeth de la bonté du Seigneur pour elle et pour toute l’humanité. En témoignant, nous faisons la volonté de Dieu. Que ta volonté soit faite. Quelle est cette volonté ? Parmi les consignes que le Seigneur nous a laissées, il y a  celle-ci : Allez, de toutes les Nations, faites des disciples.  C’est une invitation que le Seigneur nous adresse. Nous engager, de notre plein gré et avec joie, à faire bénéficier les autres du bien qu’il nous a fait. En témoignant, nous nous tenons proche de Jésus. Comme un moment d’oraison ou un temps d’adoration, le temps de la rencontre missionnaire permet de goûter une intimité très profonde avec le Seigneur.

  • Nous témoignons par amour pour l’Eglise

Nous témoignons aussi par reconnaissance. La foi nous a été donnée par Dieu bien sûr mais cela s’est passé par intermédiaire, par personne interposée, par l’intermédiaire de quelqu’un qui a été un témoin pour nous. Qui donc ? Cela peut-être très évident pour certains. Un parent, un ami, un catéchiste, un prêtre… Pour d’autres c’est plus diffus. Mais la médiation humaine, même discrète existe. Cela peut-être une personne qui a écrit tel livre ou composé tel chant. Celui qui a laissé traîné cette Bible ou dessiné ce tract. Celui ou celle qui a médité le chapelet au micro. Par leurs actes, par leur parole, une nuée de chrétiens a créé le climat ou les conditions ou l’occasion de notre rencontre avec Jésus-Christ. Nous devenons ainsi les héritiers spirituels de personnes à qui nous devons d’avoir la foi. Dans l’histoire, l’Eglise s’est construite sur la parole des Apôtres puis s’est consolidée par le témoignage des saints. Le témoignage est un geste d’amour envers les générations qui nous ont précédés. Il manifeste la conscience de la valeur du don reçu. Témoigner, c’est aussi donner plus de vie dans nos communautés. Les gens ont besoin plus de témoins que de maîtres nous disait saint Paul VI. Il avait raison. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance (Jean 10, 10)En témoignant, nous ne cherchons pas à faire perdurer un folklore sur le déclin. Ce ne sont pas les souvenirs du passé que nous exhibons pour nous rassurer sur notre identité. C’est bien la vie qui est partagée et communiquée. Il est aussi naturel de voir que l’Eglise enfante que de désirer vouloir enfanter soi-même. C’est aussi la qualité de la vie en Eglise qui est meilleure quand nous témoignons. Le témoignage renforce le lien fraternel. Des frères et sœurs d’une même paroisse peuvent ainsi se découvrir mutuellement sous une nouvelle lumière. On peut s’émerveiller de voir comment Dieu a rejoint tel ou tel et cela m’aide à aimer mieux cette personne. On remarque l’infinie créativité de Dieu qui s’adresse à chacun selon son besoin et son identité. Le témoignage d’un frère est souvent l’escabeau qui nous permet de franchir la marche qui était trop haute pour nous. Le témoignage est donc un cadeau qui édifie et encourage l’Eglise. Le témoignage est une arme anti-sclérose d’une efficacité redoutable. Liant et lisant les événements à la lumière de la foi, le témoignage remet sans cesse la relation au Christ au cœur de nos vies.

  • Nous témoignons aussi par amour pour nous-mêmes.

Les effets positifs de témoignage sur le témoin lui-même sont nombreux. Le témoignage muscle notre foi, enracine le don de Dieu, nous fait redécouvrir qui nous sommes et nous permet de vivre ce pour quoi nous avons été créés. Devant tant de vertus bénéfiques, je devine que les plus hésitants sont prêts à sauter le pas. En témoignant, je réponds à ma vocation baptismale. Si nous lisons l’appel de Moïse (Exode 4), nous voyons que ce ne sont pas aptitudes naturelles ni les compétences oratoires qui font le témoin mais bien l’appel du Seigneur. Vous vous demandez peut-être si vous avez reçu un tel appel ? Si vous êtes baptisé, si Dieu vous a fait le don immérité de la foi, la réponse est OUI. En tant que membre de l’Eglise, nous avons tous reçu, personnellement, l’appel à être des témoins. Cet appel retentit à la fin de chaque Evangile et l’Eglise n’a cessé de le relayer. Il nous revient à tous de rendre gloire à Dieu dans notre Décapole. Jésus nous dit comme au démoniaque gérasénien : « Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. » (Marc 5, 19) En témoignant, je découvre mon identité et ma mission. Nous avons chacun une mission particulière, propre, à remplir. Comme le dit le pape François dans son exhortation sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel (Gaudete et Exsultate au numéro 20) : chaque saint est une mission ; il est un projet du Père pour refléter et incarner, à un moment déterminé de l’histoire, un aspect de l’Évangile. Toi aussi tu as besoin de percevoir la totalité de ta vie comme une mission. Essaie de le faire en écoutant Dieu dans la prière et en reconnaissant les signes qu’il te donne. Puisses-tu reconnaître quelle est cette parole, ce message de Jésus que Dieu veut délivrer au monde par ta vie.

  • Nous témoignons enfin par amour pour les autres.

Témoigner c’est avant tout se reconnaître aimé et devenir attentif à l’œuvre de l’Amour en nous pour y collaborer et lui permettre de rayonner au-delà de notre vie individuelle. En témoignant, je multiplie les dons reçus.

Pourquoi moi ? Il est légitime que cette question traverse l’esprit ou le cœur. Pourquoi ai-je la foi et pas ma sœur qui a reçu la même éducation que moi ? Pourquoi cette collègue qui cherche, avec beaucoup de courage, le sens de la vie, ne rencontre-t-elle pas le Christ ? Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. Lorsque Dieu choisit quelqu’un en particulier, c’est toujours une manière de bénir le monde entier. C’était vrai pour Abraham, pour Moïse, pour les Apôtres. C’est vrai pour moi aussi. De même qu’Israël a été choisi pour le Salut des Nations, je suis choisi pour celui de ma sœur et de ma collègue.

Si vous avez peur de témoigner ; si vous vous en sentez incapable, c’est normal. Il y a un fort enjeu spirituel. Votre témoignage peut permettre à quelqu’un d’accueillir dans sa vie la puissance transformante de l’Evangile. Qui dit ‘enjeu’, dit ‘combat’ car cela ne plaît pas au Malin. Ce combat peut se manifester par un sentiment d’indignité, de la paresse ou de la peur. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. (Jean 17, 3) Au jour de notre mort, nous devrons accueillir Jésus comme juge de notre vie. L’avoir connu ici-bas, nous être exposé à sa lumière nous aidera à le reconnaître, à accueillir sa Justice qui consumera tout ce qui n’aura pas été charité dans nos vies. Le témoignage vise ni plus ni moins que le salut. Notre objectif n’est pas d’abord d’avoir plus de monde à la messe dimanche prochain. Notre désir profond est qu’aucun ne se perde

Pour croire, il faut toujours, à un moment ou à un autre, une parole explicite. Nous avons besoin de personnes dont le témoignage soit suffisant clair pour, à travers elles, entendre une parole de la part de Dieu. Tous ont besoin d’aînés dans la foi qui d’abord leur donnent la parole et puis leur enseigne comment la mettre en pratique. Les Actes des Apôtres (8, 27-39) nous rapportent une très belle rencontre missionnaire entre Philippe et l’Eunuque de la reine Candace. A la question de Philippe : comprends-tu ce que tu lis ?, l’autre lui répond : Et comment le pourrais-je s’il n’y a personne pour me guider ? Il invita donc Philippe à monter et à s’asseoir à côté de lui. Alors Philippe prit la parole et à partir de ce passage de l’Ecriture, lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Raviver la soif de Dieu est un des rôles du témoignage. Le témoignage doit mettre en appétit. Nous devons, à la fois, rejoindre les personnes sur les questions qu’ils se posent déjà et les aider à faire émerger des questions fondamentales qui sont présentes en eux sans qu’ils en aient conscience. C’est pourquoi le témoignage intervient toujours après un vrai temps d’écoute, où on a pris le temps de recevoir la situation spirituelle de notre interlocuteur. Dans l’épisode du buisson ardent (Exode 3), Moïse, intrigué, fait un détour. Le témoignage est de cette nature. Quelque chose brûle chez le témoin. Poussé par la curiosité, on s’approche de la flamme et dans ce feu j’entends soudain une parole qui m’est adressée. Notre but est que la personne interpellée découvre dans sa vie la trace de Dieu. Comme des sourciers, nous cherchons à faire jaillir la nostalgie de Dieu parfois bien enfouie au cœur de tout homme. Le témoignage est utile en situation de doute, de litige ou de conflit. En cas de désaccord, on attend des témoins qu’ils partagent ce qu’ils ont vu pour tirer l’affaire au clair. Depuis le péché originel et parce que Satan est menteur dès l’origine, le cœur de l’homme est aveuglé ; son jugement est faussé. Dans une époque où la pensée dominante est l’athéisme, nous avons le rôle de semer le doute chez les incroyants. Beaucoup grandissent en pensant que le minimum d’intelligence attendu est de ne pas croire aux fariboles de la foi chrétienne. Une étape préalable est de les amener à envisager qu’ils ont été trompés. J’espère que vous vous sentez plein d’ardeur pour aimer et partager l’amour. 

Je vous propose le petit exercice suivant :

Notez dans un carnet ce que vous comprenez de Dieu en regardant et en écoutant la nature, les hommes, la parole. Notez-y ce que Dieu fait de particulier et de spécifique pour vous. Ajoutez les idées, trucs et astuces qui vous aident à témoigner. Couchez sur papier, les témoins, les citations qui vous inspirent et vous donnent envie de suivre Jésus. Remercier le Seigneur pour les personnes qui ont joué un rôle déterminant dans votre chemin de foi. Demandez, par exemple à un couple, comment ils se sont rencontrés ou à un consacré comment il a été appelé ou à un baptisé comment il s’est mis à la suite du Christ. Et enfin, identifié lequel des quatre amours est le plus faible et demandez à Dieu de le faire grandir.