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Homélie du 18e dimanche dans l’année B
Il y a au tréfonds de nous-même une faim qui nous tenaille et nous creuse, une soif spirituelle. Mais, sans cesse, nous trompons cette soif avec des produits de consommations. Nous saturons notre faim d’absolu de nourritures trop terrestres qui étouffent en nous le désir.
Nous avons tous un désert à traverser
Comme les fils d’Israël, dans leur traversée du désert, nous sommes toujours tentés de préférer la satiété des esclaves à la liberté des nomades. Le livre de l’Exode raconte que pour faire taire les récriminations des Hébreux, le Seigneur Dieu fit pleuvoir autour de leur campement un pain étrange, une fine croûte, dit le texte, quelque chose de fin comme du givre. Une nourriture providentielle, une manne providentielle comme nous disons aujourd’hui. Ce mot tient son origine de la réaction des fils d’Israël qui se dirent entre eux, en hébreux : « Man Hou » ?, « qu’est-ce que c’est ? »
Rien de pire que croire que l’on connaît
La question rebondira pour les juifs avec l’avènement de Jésus. Qui est donc cet homme ? demandait-on mi-soupçonneux, mi-admiratif. N’est-il pas le fils du charpentier ? Comment peut-il dire : ‘je suis descendu du ciel’ ? Oui, quel est donc cet homme qui prétend être, en sa personne, une nourriture de vie et nous combler au-delà de tout désir ? Et qu’est-ce que ce pain, qu’en son nom, l’Eglise de nous donner en partage ?
Le Christ n’est pas venu nous gaver de certitudes
Nous le savons, plus exactement nous le croyons : quand nous mangeons ce pain, nous célébrons le mystère de la foi. Nous communions à l’amour dont Dieu nous a aimés, dans un don sans retour, au prix de sa vie.
Nous le savons et cependant le pain que Jésus nous offre, comme la manne du désert, demeure pour nous une question : « Man Hou » ?, « qu’est-ce que c’est ? » Non pas que nous remettions en doute la promesse du Christ mais plutôt parce que nos cœurs de croyants ne seront jamais assez grands pour accueillir tout le mystère. Jésus, le pain descendu du ciel, n’est pas venu nous gaver de certitudes mais bien nous combler de son amour. Ce n’est pas vraiment la même chose. Les certitudes durcissent le cœur tandis que l’amour lui donne des ailes. L’amour creuse en nous le désir d’aimer. Il nous donne faim de justice et d paix pour le monde dont nous avons la garde.
Le livre de l’Exode raconte un peu plus loin que Moïse interdit aux fils d’Israël de faire provision de la manne que le ciel leur prodiguait chaque jour. Certains, bien sûr, désobéirent. Mais bien mal leur en a prit car la manne devint rapidement immangeable. Ce que je comprends dans cette histoire, c’est qu’un croyant ne peut être un homme repu dont les poches sont bourrées de provisions. Jésus nous a donné des paroles vivantes qui ne peuvent se conserver que vivantes (Charles Péguy).
Le croyant ne possède pas la vérité. Il s’en nourrit comme d’un pain qui donne faim d’un avenir toujours plus grand. Ce pain, toujours vivant nous donne la force de poursuivre notre marche. Le croyant est un nomade qui voyage toujours léger parce qu’il sait pouvoir compter chaque jour sur un Dieu qui s’est fait pour lui parole et pain. Le croyant est un homme de désir qui, comme dit saint Paul, se laisse guider intérieurement par un esprit renouvelé.
Le croyant est un homme du désir
Dans l’un de ses livres, le P. Joseph Pellegrino pose la question : «Qu’est-ce qui fait qu’une personne est chrétienne?» Est-ce le baptême? Des centaines de gens sont baptisés et ensuite, n’ont plus aucun contact avec le christianisme. Est-ce le fait d’appartenir à une paroisse? De remplir des formulaires pour obtenir la confirmation des enfants, où pour se marier dans l’église? Qu’est-ce qui fait qu’une personne est chrétienne? La réponse est simple : Jésus Christ. Tout ce qui est important dans le christianisme tourne autour du Christ. Ceux et celles qui lui rendent hommage et le laisse entrer dans leur vie de tous les jours, sont des chrétiens. «L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé».
L’Eglise fait l’Eucharistie, l’Eucharistie fait l’Eglise
L’eucharistie n’est pas simplement un repas, une liturgie où tout doit se dérouler selon les normes et les rubriques, où chacun joue le rôle qui lui est assigné. Il ne s’agit pas d’occuper de somptueux édifices, de chanter des chants inspirants, même si ça aide, ou d’écouter des homélies bien préparées (là aussi cela peut aider)… Il s’agit d’une rencontre communautaire qui fait grandir notre foi en Jésus, le pain venu du ciel.
Jésus Pain de Vie et d’amour se donne à nous pour que l’on se souvienne que nous sommes crées à Sa Divine image , quel beau mystère à méditer et à prier !